Dans le fond, tu ne sais pas si elle va t’obéir, Calum, parce que vous n’êtes plus vraiment dans l’univers où elle avait raison de le faire et de te faire confiance. Après tout, tu n’es qu’un homme, un soldat certes, mais tu n’as rien de surhumain. Et ce à quoi vous faites face, ce n’est pas rien, ce n’est pas normal et c’est clairement surhumain… ou au moins surnaturel. Alors tu lui donnes tes ordres, sans voir que tu l’as tutoyée, et tu repars en avant. Tu n’as pas le droit de penser avant d’en avoir fini, voilà c’est quoi ton rôle : être une machine, pour qu’elle garde son humanité.

Et le truc, c’est que si tu sais que tu es fort, que tu peux le faire, tu sous estimes clairement la vitesse de l’enfant. Avant d’avoir pu lui casser la tête comme pour ses parents, tu te retrouves avec cette furie carnassière sur toi, qui tente de te mordre, encore et encore. Et tu es débordé, mon vieux, parce qu’elle a une force bien supérieure à ce que tu aurais pu penser. Tu ne fais que la tenir à distance, en comprenant que tu ne vas pas pouvoir le faire à l’infinie.

En faite t’es en train de te dire que tu vas la repousser de toutes tes forces jusqu’à la pièce derrière elle, pour tenter de l’y enfermer (ou t’y enfermer avec elle, plus probablement) quand tu vois une ombre arriver à côté de toi. T’as le temps de ne rien dire, Calum, ne rien faire, que la petite vole en arrière et que tu découvres Skye avec sa chaise en main.

« Non ! »

Bien sûr que tu ne veux pas ça. Elle se met en danger pour toi, et elle se retrouve acculée. Si tu sors ton glock aussi vite, t’as même pas le temps de tirer ou de trouver un angle pour le faire qu’elle abat une nouvelle fois la chaise et… tu te figes. La gamine est morte, le couloir est tâché de sang et de cervelle de partout, alros qu’une odeur affreuse te donne envie de vomir. Mais ce n’est pas ça le pire. Non, non, bien sûr que non, le pire arrive juste après, quand tu vois les larmes déborder des yeux de la jeune femme qui t’a sauvé la vie, alors qu’elle s’effondre au sol.

C’est ta faute. Tu es faible Grantt. Tu as échoué ta mission. C’est ta faute, regarde-la pleurer. Tu aurais mieux fait de la laisser te mordre pour lui donner le temps de t’enfuir. C’est ta faute. Ta faute….

D’un seul coup, alors que cette rengaine passe et repasse dans ta tête, te donnant envie de vomir et de pleurer, te blessant probablement bien plus qu’une attaque n’aurait pu le faire, tu te remets en mouvement. Tu as complètement oublié quel est ton rôle… ou plutôt ce que tu as le droit ou pas de faire. Tu viens vers elle, sans un mot, et tu te penches pour fermer tes bras sur elle. Pendant quelques secondes tu sembles… la bercer, avant de simplement la récupérer contre ton torse. Tu quittes l’étages sans un mot, sans desserrer ta prise autour d’elle, et tu retournes au rez-de-chaussé, dans le salon. C’est sur le canapé que tu la poses en douceur, avant de refermer sur elle le vieux plaid qui traine là. Et tu finis par venir poser un genou devant elle, une main sur la sienne, de l’autre tu tentes maladroitement d’essuyer ses larmes.

« Je suis là. Que tu murmures, d’une manière bien différente des autres fois, comme juste une promesse de la rassurer et de la soutenir, pas de faire les choses à sa place. Prenez le temps qu’il vous faut, je ne vous laisserai pas. »

Ensuite ? Si elle veut te congédier, et elle en aurait bien le droit, tu partiras, probablement.

C’est horrible, Skye. Complètement affreux. Tu viens d’abattre cette enfant … et tu es partagée, scindée en deux par l’idée que, justement, ce n’était qu’une gosse, mais aussi, à l’opposé, celle qui te répètes que c’était aussi un monstre qui n’avait plus rien d’humain. En fait, c’est comme l’image de l’ange, et celle du démon, à la différence que tu as l’impression que l’ange est celui qui te tortures le plus, quand le démon, lui, semble plus rassurant. Probablement que c’est encore pire, que ça te fait te dire que vraiment, tu viens de faire quelque chose de mal. La vérité, cependant, ma grande, c’est qu’en premier lieu, tu viens de sauver ton gardien, égoïstement, en y pensant, tu ne te dis même pas que tu viens de lui sauver la vie, tu te dis juste que tu viens d’agir pour le garder. Et puis franchement … tu viens sans doute de rendre service à cette petit, autant qu’à ses parents d’ailleurs, qui n’auraient sans doute jamais voulu voir leur petite dans cet état. Ce n’est pas humain, de laisser ces choses en vie, voilà la vérité, parce qu’ils ne sont pas réellement en vie, au final, ce ne sont que des coquilles vides, des âmes prisonnières d’un corps fou. Ouais. Vraiment, Skye, tu n’as rien fait de mal. Alors pourquoi est-ce que tu ne peux plus t’arrêter de pleurer ? Pourquoi la vision du cadavre de cet enfant te fait te sentir si coupable ?

Tu aurais sans doute y passer des heures, à pleurer toutes les larmes de ton corps, agenouillée devant elle, le regard perdu dans le sang foncé et mal odorant. Mais tu vois, tu n’es pas seule, et bientôt, tu sens une paire de bras puissants qui se referment sur toi … et à ce moment précis, c’est atroce, mais tu ne te sens pas rassurée, Skye, tu te sens en colère. En rage. Toi qui ne voulais même pas la regarder, tu as dû l’éliminer, toi. Tu t’étais détournée en direction du père pour éviter cette petite, et tu as quand même dû la frapper pour le protéger lui, alors, sans doute que pendant quelques secondes, tu le détestes. Même quand il te soulève et t’emportes, tu le détestes. Tu as envie de lui hurler dessus, et si tu ne le fais pas, c’est que tu n’en as pas la force.

Une fois en bas, cependant, loin de l’odeur de la mort, loin de cette vision d’horreur, quand tu te retrouves sur ce canapé un peu poussiéreux, avec ce plaid autour toi, et cet homme qui t’offres une nouvelle fois ces quelques mots … ta pseudo rage retombe comme un soufflé raté. Tes yeux sont toujours humides, et brillants de larmes, mais ils ne débordent plus, et tes joues se sont asséchées. C’est un drôle de regard, que tu lui lances, alors qu’il est là, devant toi, une main sur la tienne et un genou au sol comme un chevalier. Ouais. C’est exactement ça, et surement que dans d’autres circonstances, ça aurait pu te faire sourire, ou même rire, et que tu lui aurais fait la remarque. Là, pourtant, tu hoches la tête, comme une enfant, avant de te pencher en avant, et revenir chercher sa présence en l’entourant de tes bras et en le serrant contre toi comme s’il était … une peluche rassurante. Parce que c’est ça, que tu cherches, Skye, une présence rassurante, et vivante. Un peu de chaleur humaine, et probablement aussi son odeur, que tu connais par cœur sans même jamais t’en être rendue compte. « J’ai eu si peur … » Voilà ce que tu parviens à sortir, après seulement quelques minutes, ainsi, tout contre lui. « J’ai cru qu’elle allait te tuer … »

Tu ne sais pas y faire. En faite tu ne sais même pas comment on réconforte quelqu’un. Tu es un bouclier, par un ami, mais une fois que tu la vois pleurer, tu comprends Calum, que tu voudrais être capable de plus. C’est pour ça que tu viens vers elle. Tu viens la prendre dans tes bras parce que t’es incapable de dire quelque chose et de trouver les bons mots. Et tu as le temps de voir ce truc… ce regard qu’elle te jette. Tu ne sais pas ce que tu y lis, mais tu comprends que tu as échoué à ce moment-là.

Sans un mot, te voilà à la hisser dans tes bras et l’attirer loin de l’étage et de la scène sanglante de bagarre. Tu ne comprends par pourquoi tu fais ça, mais tu le fais. Tu la hisses dans tes bras, tu la serres contre toi, en sachant pertinemment que ça, ce n’est pas normal. Et tu viens la déposer sur le canapé du rez-de-chaussé, un plaid autour des épaules avant de t’agenouiller devant elle comme… comme si t’étais à son service. Et tu l’es, plus que tu ne peux l’imaginer.

Ce que tu ne prévois pas vraiment, Calum, c’est sa réaction. Tu t’attends à ce qu’elle pleure longtemps, qu’elle te fasse des reproches ou qu’elle t’interdise de la toucher. Mais décidément tu ne comprends rien à cette femme (et à toutes les autres hein) parce qu’elle vient juste se pencher et passer ses bras autour de toi et que tu restes figé de surprise.

« Je suis désolé. »

C’est tout ce que tu trouves à lui répondre, quand elle t’explique avoir eu si peur, et finalement tu bouges. Tu viens l’enserrer fort de tes bras, tu l’attires contre toi et tu tentes de chasser son angoisse en formant un cocon autour d’elle avec ton corps. Et finalement, c’est en entendant la suivante que tu frissonnes et que tu secoues la tête contre elle, sans comprendre.

« Vous n’avez pas à vous mettre en danger pour moi. Le contrat était clair dès le départ, ma vie vaut moins que la vôtre, Skye. Son prénom, tu oses utiliser son prénom, c’est dire si t’es hors de tes chaussures, là. Et te voilà à te décrocher d’elle, la repousser un peu pour venir attraper son visage entre tes grandes mains, et lui expliquer, yeux dans les yeux. Vous m’avez sauvé la vie, mais ça ne doit pas se reproduire à l’avenir. »

Parce que tu ne sais pas ce que tu feras si elle meurt par ta faute. Honnêtement, Calum, tu es assez intelligent pour comprendre que c’est au delà de ce fameux contrat. Tu es… tu es touché par elle, par sa présence et tu refuses d’une existence où elle ne serait plus en vie, c’est comme ça. Tes pouces finissent par venir caresser doucement ses joues, alors que tes yeux restent bloquer dans les siens, et tu finis par soupirer.

« Sortir n’était pas une bonne idée, je n’aurais pas du accepter. Tu la relâches, maintenant, avant de te redresser face à elle. Rentrons, avant qu’un autre malheur ne nous tombe dessus. »

Tu te sens atrocement mal, Skye. Mais tu sais quoi ? Après la détresse, la colère, et probablement un peu d’incompréhension, voilà que tu sembles te rendre compte qu’au-delà du fait que tu as été obligée d’achever cette pauvre petite, il y a encore autre chose. Tu te connais relativement bien, et tu sais que tu n’es pas forcément du genre à prendre des risques. Tu as du courage, oui, mais pour que tu en arrives à te jeter en avant, par deux fois, de cette manière et que tu viennes surtout faire une chose dont tu ne voulais a la base même pas entendre parler, c’est qu’il y a un nœud derrière tout ça autrement plus conséquent que tout ce que tu aurais pu imaginer. Et la première ficelle de ce nœud, justement, tu la déniches en te rendant compte que c’est surtout la peur qui t’as guidée. Pas pour toi, non, toi, tu étais relativement en sécurité, mais pour lui. Tu as refusé, encore une fois, de le perdre sans tenter quelque chose, tu as ressenti le besoin d’agir pour lui sauver la vie au dépend de la tienne. N’est-ce pas parfaitement ridicule, quand on connaît vos rôles normalement respectifs ?

Quand il s’excuse, Skye, tu te sens atrocement coupable d’avoir ressenti de la colère à son égard. C’est triste, hein, mais parfois, oui, tu es complètement égoïste. Au fond, tu n’y peux rien, on t’a élevée comme ça, on t’a appris à te faire passer bien avant les autres, peu importe ce qu’ils peuvent en dire, alors, forcément … quand tu n’as pas envie de faire quelque chose, et que tu te retrouves quand même obligée de le faire, ça déborde, et tu as l’impression, durant un instant, de faire face à une véritable injustice. C’est exagéré. Tu le sais. Mais c’est plus fort que toi, comme ancré à l’intérieur de toi.

Sauf que tu vois, Skye, quand tu lui avoues à quel point tu as eu peur, pour lui, il s’éloigne un peu de toi pour te corriger, et finalement, te remettre à ta place, en quelques sortes. Le truc, c’est que tu ne veux pas entendre ça maintenant, ma grande. « C’est faux ! » Tu protestes, parce que, franchement, ta vie ne vaut clairement pas plus qu’une autre. Et puis, surtout, tu refuses de rester sans rien faire, quand il lui arrive quelque chose, alors que tu es là, et que tu peux bouger, agir.  

Pourtant, Skye, tu n’as pas la force de lutter plus que ça, à ce moment précis, alors que ses doigts viennent balayer quelques larmes, et qu’il finit par se redresser, toi, tu soupires, partagée entre le soulagement, à l’idée de rentrer à l’église, où vous serez en sécurité, et la détresse que ses mots t’ont inspirée. « Attends ! » Ta réaction est presque soudaine, ta main se lève, vient attraper la sienne pour le retenir face à toi, et tu te lèves à ton tour, dans la précipitation, pour te retrouver là, face à lui, à quelques centimètres. « Les zombies n’étaient pas dans le contrat, Calum … les terroristes, et les assassins, pourquoi pas, mais tu ne peux pas te mettre entre moi et ces choses systématiquement, tu finiras par y perdre ta vie. » Tu le sais, Skye, parce que, tu es intelligente mine de rien, et tu as bien compris que ces monstres sont ce qui aurait pu arriver de pire au monde, c’est une catastrophe qui ne pourra peut-être pas être enrayée, parce qu’ils sont plus forts que vous, il n’y a pas de réflexion à avoir là-dessus. « Tu es tout ce qu’il me reste, alors je t’interdis de mourir, c’est un ordre. »

Tu ne devrais pas. Tu ne fais que sortir des limites de votre relation aujourd’hui, et ça commence à te sembler presque normal. Alors clairement, Calum, tu sais au fond de toi que tu ne devrais pas te laisser aller. C’est la porte ouverte à d’autre débordement, et ça… ça c’est interdit par les règles de votre contrat. Pourtant, regarde-toi à prendre son visage entre tes mains, essuyer un peu ses joues en glissant tes pouces contre sa peau. Regarde la scène, bon sang !

C’est peut-être pour ça que tu finis tout à coup par la relâcher, alors qu’elle refuse la vérité, et que tu te redresses. Tout ce que tu veux, là, maintenant et tout de suite, Calum, c’est éviter de glisser encore plus. Tu veux t’en tenir à ton job, à la position que tu as, parce que tu n’es pas certain de savoir comment réagir sinon. Le problème, tu vois, c’est que tu te sais explosif, tu sais que si tu cesses de maintenir ta droiture, tu pourrais agir sans réfléchir et… et le regretter, probablement.

T’as pourtant pas le temps de retourner à ta position de garde, quelques pas derrière elle, prêt à agir, parce qu’elle attrape ta main et pendant quelques secondes, tu ne penses qu’à ça. Ses doigts contre ta peau, et puis elle se lève, elle te fige devant elle. Et tu te retrouves à devoir l’écouter en tentant de ne pas te perdre dans le bleu de ses yeux. Ses mots sont un non-sens, tu le sais, parce que ton contrat c’est de la protéger, sans distinction de la menace. Et t’es sur le point de le lui expliquer, quand elle te donne cet ordre qui vient juste… chambouler tout ce qu’il y a en toi.

Incapable de parler, de refuser cet ordre comme de l’accepté, complètement jeté à côté de ton rôle de garde silencieux, tu sens… quelque chose grogner en toi. Parce que toi aussi t’as plus qu’elle, et que tu l’as accepté depuis un moment. L’entendre dire la même chose, ça te fait… juste lâcher prise. Ton bras s’enroule autour de sa tête avec une soudaineté effrayante et tout à coup tu l’attires à toi. Sans le voir, sans même le sentir, tu la soulèves, tu la serres alors que ta tête vient se cacher contre son épaule. Et tu te retrouves pendant de longues secondes sans carapace, sans défense, devant cette trop petite femme.

« Vous ne pouvez pas dire ça. Que tu finis par souffler contre elle, complètement dépasser. Je ne dois pas être ça pour vous. Attachez-vous au groupe, pensez à eux, pas à moi ! Et pourtant ta voix n’est même plus si assurée que ça. Je… Je ne peux pas vous protéger sans mettre ma vie en danger, c’est le contrat. »

Tes lèvres effleurent sa peau parce qu’en faite t’es en train de perdre pied, ou de perdre la tête, tu ne sais pas trop. En tout cas, ce mouvement te ramène subitement à la réalité et tout à coup ton corps se tend, se durcit, et tu la relâches et reposes doucement avant de… reculer d’un coup. Tes yeux laissent voir la douleur au fond de toi, alors que tu secoues la tête, avant de te détourner en la fuyant clairement cette fois.

« Je suis désolé Miss, je n’aurais pas du. Le choc de cette rencontre à l’étage m’a fait perdre la tête. Tu te tournes vers elle, sans la regarder pourtant. Il faut rentrer maintenant. Si vous avez besoin d’autre chose, j’irai chercher ça pour vous plus tard. »

Et il n’y a plus d’ouverture pour accepter ou refuse ton ordre, tu es… juste redevenu de glace, distant et intouchable. Quand tu es comme ça, tu te connais Calum, si elle fait mine de refuser, tu la traineras de force jusqu’à l’Eglise avant de l’enfermer dans sa “chambre” pour t’assurer qu’elle entende raison.

Tu n’as que ça, hein Skye. Des ordres. C’est bien là tout ce dont tu peux user pour tenter de faire en sorte qu’il t’écoute, et qu’il s’en tienne à ce que tu exiges de lui. Ce n’est pas grand-chose, pourtant, tu aimerais simplement qu’il comprenne que tu ne veux surtout pas le voir mort, que tu veux le garder, parce que, oui, Skye, c’est ta vérité, il est le seul lien qui te restes avec ta vie d’avant, et franchement, tu te fiches bien de savoir qu’il est uni à toi que via ce stupide bout de papier, ce contrat à la noix que vous avez signé tous les deux. Tu ne veux pas qu’il s’effondre sous tes yeux, un jour, en voulant simplement te garder en vie. Alors, pour une fois, tu le lui dis, clairement et pour de bon, tu essaies d’utiliser ce que tu as de pouvoir encore … et tu le fais clairement avec l’énergie du désespoir.

Malheureusement pour toi, tu as face à toi un homme intègre, Skye. Tu dois le comprendre, ce n’est pas une fin du monde qui l’arrêtera dans ses principes et dans ses convictions, tu devrais sans doute admirer ça, au lieu d’essayer de le faire changer d’idée de toutes les manières possibles, mais encore une fois, tu le refuses catégoriquement, et tu choisis de t’imposer. Et là, tu vois, tu fais face à une réaction à laquelle tu ne t’attendais pas, quelque chose de tout à fait inédit qui vient littéralement provoquer un long frisson en toi, quand il t’attrape à nouveau, quand il te hisse tout contre lui, et que tu le sens venir enfouir son visage, là, au creux de ton épaule, dans ton cou. Les mots qu’il t’offre, cependant, tu ne veux toujours pas les entendre, c’est à croire qu’il n’a absolument pas saisi ce que tu viens de lui avouer … « Calum … » Son prénom, c’est tout ce qui s’échappe d’entre tes lèvres, en fait, tu es beaucoup trop surprise par une réaction comme la sienne pour parvenir à protester pour de bon, d’autant que ses lèvres viennent doucement effleurer ta peau, et que tu ne peux même pas retenir un soupire dont tu ne mesures très certainement même pas la portée, ou encore, la signification.

Tout s’arrête d’un coup, cependant. Quand son étreinte te relâche, il s’éloigne presque brusquement, et le voilà, à s’excuser pour ce relâchement avant de te répéter encore une fois qu’il vaut mieux rentrer. Et là, tu te rends à quel point tu le connais bien. A quel point tu peux pratiquement lire en lui comme dans un livre ouvert, à certains moments, à quel point tu peux prévoir la suite des évènements, rien qu’en lisant son expression. En l’occurrence, tu le vois maintenant complètement fermé, et tu comprends bien vite qu’il n’y a plus le moindre intérêt à tenter une nouvelle approche, c’est comme si la carapace s’était durement refermée pour te bloquer le moindre accès. « D’accord, allons-y … » Tu acceptes, et à ton tour, Skye, tu te détournes et tu reviens te placer dans ton rôle habituel, reprenant toi aussi une expression plus neutre, et plus fermée, tu attrapes simplement le petit sac, contenant ce qu’il y avait dans la cuisine, et puis, tu le laisses de nouveau passer devant pour reprendre le chemin inverse, et retourner à l’entrée de la galerie qui mène à l’église.