Qu’est-ce qu’elle peut avoir un sale caractère, la petite Hannah parfois. Il suffit de la voir revenir dans la cuisine pour savoir qu’elle ne va pas s’empêcher un de ses petits piques, qui à le don pour te mettre de travers. Comme le fait que t’es moche, tu vois ? Donc là, elle parle de poules et au départ, Heath, tu crois vraiment qu’elle ne parle que des animaux hein. Sauf qu’elle finit par venir jouer sur les mots, et tu te retrouves à serrer la mâchoire. Il te faut deux inspirations pour rejeter l’énervement. Une autre pour trouver une parade. Une dernière pour lui faire une œillade crédible.

« J’allais vers d’autres filles parce que tu m’as toujours repoussée ! Tu as toujours été ma préférée ! Et tu recommences, tu viens la provoquer en provoquant encore plus de remous en toi parce que tu sais qu’au fond, c’est un peu vrai. Ceci dit, la fin du monde ne m’inquiète pas vraiment de ce point de vue là, puisque je suis avec toi ! Et que je n’aime pas les œufs… »

Ok, c’est bizarre, mais c’est vrai. T’es un de ces gens étranges qui ne mangent pas d’œuf sous forme… d’œuf. Omelette, œuf a la coque, sur le plat, mollet, tout ça pourrait juste te faire vomir. Mais c’est quelque chose qu’on ne sait pas de toi, parce que tu n’en parles jamais, et parce que les gens s’en fiche !

Du coup, à la place, te voilà donc à la provoquer, à chercher à savoir si elle a peur pour toi. Tu ne peux pas nier que tu adorerais que ce soit le cas, et pire que ça, que si lui venait la folie de te le dire, tu ferais probablement tout pour te mettre en danger et… voir de l’intérêt dans son regard. Sauf qu’elle ne répond pas à tes questions. En faite, sur le coup, elle juste l’air un peu surprise, un peu… étrange. Et tu ne peux pas t’empêcher d’associer ça à ce dégout qu’elle a pour toi.

Tu es en train de te tourner pour t’occuper du repas, en ravalant tant bien que mal la douleur qui vient percer dans tes yeux, quand elle t’apprend qu’elle sait y faire et qu’elle ne veut pas rester enfermer. De dos, tu lèves les yeux au ciel, avant de soupirer sombrement. Tu prends le temps de mettre le contenu de la boite dans une casserole et de la poser sur la chaudière avant de te laisser tomber sans grâce sur une chaise en bois.

« Arrête, Hannah, en tant que flic tu ne connais rien du danger. Déjà t’étais juste une bleue et en plus les flics ne se mouillent pas dans les histoires les plus bordéliques, crois-moi ! »

T’as l’air plutôt revêche maintenant. En faite tu balances ça sans réfléchir, avant de juste grogner parce que tu ne voulais pas la provoquer de cette manière-là Alors tu secoues la tête, tu viens attraper un couteau pour le faire tourner entre tes doigts comme si ce n’était qu’un stylo et tu rajoutes, rapidement.

« Alors on sortira ensemble. Je refuse que tu y ailles seule ! »

Et voilà que ton regard se plaque dans le sien l’air clairement sérieux et absolument mécontent de devoir en arriver à ça.

On the road

Heath & Hannah

L’apocalypse zombie va être drôlement mouvementée s’ils passent leur temps à se prendre la tête. Cependant et à la décharge d’Hannah, c’est quand même Heath qui vient titiller son mauvais caractère, comme avec son dérapage à la con ou quand il remet leur rencontre sur le tapis. Et après, il vient chouiner qu’elle lui tape sur les doigts ou qu’elle lui rentre dans le lard. Puis d’ailleurs, il ne peut pas s’empêcher de toujours vouloir l’enquiquiner, à croire qu’il a un côté maso, ce qui expliquerait pas mal de choses. Bref, en attendant la rouquine le tacle a propos des poules qu’il aurait pu élever, vu qu’il semblait rêver d’une vie de paysan dans sa campagne, et de celle qu’il a pu troncher dans le passé. Du coup, c’est mathématique, il la clash, elle le clash alors il rétorque. C’est sans fin ce petit manège.

— Ta préférée ?! répète miss Brown en levant les yeux au ciel. Laisse-moi en douter hein, surtout que t’as façon de m’approcher comme tu dis, bah, elle laisse franchement à désirer. Toutes les filles, tu leurs brises les noix, ou j’avais juste le droit à un traitement de faveur ? Ce qui m’inquiète surtout, c’est qu’à ce rythme-là, on va finir par s’étriper.

Nan clairement, pas besoin de zombies, ils vont très bien s’en sortir seuls. Enfin, en attendant, elle ne sait pas trop quoi faire de cette histoire d’œufs. Ce n’est plutôt pas banal quelqu’un qui n’aime pas les œufs… Quoi que, si elle en trouve, elle lui en fera avaler de force pendant la nuit tient, hé, hé ! Puis du coup comme ils sont bien partis pour se bouffer le nez, après que la rouquine eu précisé qu’elle ne voudrait pas qu’il se mette en danger en voulant trouver à manger. Heath ne trouve rien de mieux à faire que de la mettre dans l’embarras en jouant au joli cœur, avec ses questions, son sourire, son attitude confiante. Le pire, c’est sans doute son geste, ses doigts contre sa joue et son air sérieux qui la trouble plus qu’elle ne le devrait. C’est le type qui a tué son meilleur ami, elle ne veut pas, elle n’a pas le droit de se laisser aller à ce type de possibilité. Fin du monde ou pas.

Il se détourne, elle se détourne, et c’est très bien comme ça. Miss Brown revient tout de même à la charge, parce qu’il est hors de question qu’il parte seul en goguette pour trouver de la nourriture, pendant qu’elle patientera. Homme trouvé nourriture, femme veiller sur le logis. C’est un peu comme ça qu’elle le ressent. Par contre, c’est quoi cette remarque acide sur son poste et son supposé manque d’expérience.

— Qu’est-ce que tu en sais ?! T’as fait des missions avec moi ?! Qu’elle grogne en posant brutalement le jus de fruit sur la table. Absolument pas, alors ne parle pas de mon inexpérience comme si tu savais tout sur moi. T’façon ça ne sert à rien de discuter de ça, t’aime pas les flics, ce serait stérile comme échange.

Hannah se pose sur l’autre chaise en bois, marmonnant de plus belle. Certes, certains flics sont des gros cons, ce serait se leurrer que de dire le contraire, mais heureusement, il y en a aussi des biens, qui vont au bout des choses et qui font de leur mieux. Toujours est-il que l’autre andouille semble ne pas en avoir fini avec le dossier, recherche de vivres et forcément la rouquine lève les yeux au ciel.

— On peux savoir pourquoi toi tu peux y aller seul et pas moi ? Je serais très bien me débrouiller comme une grande!

Peut-être oui, si elle avait encore l’espoir que sa famille était encore vivante. Mais la triste vérité, c’est que si Heath n’avait pas été là, elle se serait simplement fait sauter le caisson. Rapide, simple, efficace.

BY PHANTASMAGORIA

   

Tu fronces le nez en apposant un adorable sourire sur ta bouille de sale jeune. T’es vraiment complètement incapable de la laisser tranquille, de ne pas réagir à ses paroles. Et franchement, tu sais bien qu’elle a raison. Tu n’as jamais été doux avec elle, tu as toujours été la provoqué plus que quiconque, et surtout plus que toutes les autres nanas que tu fréquentais, mais tu sais aussi pourquoi. Alors tu lui offres ce sourire d’enfant avant de hocher la tête.

« Ouaip, ma préférée. Les autres, j’les enquiquine pas parce qu’elles n’ont pas d’intérêt. Toi, par contre, tu étais particulière. Et tu rajoutes une œillade par-dessus ça. T’as qu’à chercher dans ta mémoire, tu as toujours eu un traitement différent des autres, tu le sais bien. »

Et tu la plantes sur ça pour t’occuper du repas. Tu finis par mettre les raviolis à chauffer dans une casserole avant de t’asseoir comme si c’était le truc le plus normal qui soit. Tu attaques son job, parce que s’il y a bien une chose que tu ne lui as jamais pardonné, que tu n’as pu fermer les yeux dessus, c’est son choix de carrière. Et bien entendu, puisque tu la provoques sur ce sujet, elle s’énerve et hausse le ton. Tu subis son énervement sans broncher, sans même tenter de te détourner ou revenir en arrière. Et quand elle conclue que l’échange est stérile, tu ne peux qu’hocher la tête en soupirant. Qu’est-ce qu’elle est bornée quand elle s’y met, celle-là.

Finalement, c’est en entendant de grosses bulles se former dans la sauce des raviolis que tu te relèves. Tu remues le plat, et tu as même l’audace d’y tremper le bout de ton petit doigt pour vérifier la chaleur avant de retirer la casserole du feu. Tu serres le repas chaud et consistant, pour une fois, dans les deux assiettes, avant de l’observer alors qu’elle parle de sortir seul et tu secoues la tête négativement, encore une fois.

« Parce que je ne veux pas. Sois tu restes ici, soit je sors avec toi. Tu claques un peu trop fort son assiette sous son nez, l’air véritablement frustré, avant de t’asseoir à ton tour et attraper un ravioli bouillant en bouche en soufflant comme un gosse qui se brûle la langue. P’tain ! Chaud ! Tu reposes ta fourchette, avales un verre d’eau et tu finis par revenir à elle. En quoi c’est un problème ? De toute façon, tu sais que j’suis un sale type qui veut te pourrir la vie, accepte que ça marche comme ça, tu te fatigueras moins. »

Et bon dieu, ce que t’es mauvais en communication parfois. Tu te secoues, tu finis tout de même par revenir attraper un autre ravioli sur lequel tu fais passer ton seum en soufflant fort.

« Tu veux faire quoi, pour l’eau du coup ? Tu attaques subitement, en revenant à ce bout de phrase que tu as entendu sans que ça ne te sois adresser. Si tu veux, j’peux aller en chercher dans un point d’eau pas loin, j’m’en fiche. On la fera chauffer sur le feu pour le bain. »

On the road

Heath & Hannah

Génial, c’est quoi encore ce nez froncé et se sourire de parfait abruti qui apparaît sur sa trogne. Elle a dit quoi de si amusant, franchement, c’est juste la vérité, une vérité qu’elle ne trouve absolument pas drôle. Si en prenant de l’âge, elle a appris à lui tenir tête et à lui rentrer dans le lard, ce n’était pas le cas de quand elle était adolescente. Surtout qu’à la première minute, du premier jour ou elle à rencontré ce gros crétin, il n’a eu de cesse de lui casser les pieds. Hannah s’en souvient encore très bien, ses joues rouges alors qu’il se moque d’elle, sa moue boudeuse alors qu’elle aimerait lui répondre sans oser et son cœur battant trop vite à cause de la gêne. Enfin, c’est fini ce temps-là, c’est plus une gamine, maintenant elle sait se défendre.

Heath trouve quand même le moyen de renchérir sur cette histoire, comme quoi elle était sa préférée. D’ailleurs comme traitement de faveur, on repassera, se faire constamment emmerder par un grand machin comme lui, ce n’est franchement pas ouf. La rouquine, elle aurait préféré ne pas susciter son intérêt et qu’il lui foute la paix. Et surtout à son avis, s’il la trouve si particulière comme il le dit si bien, c’est juste parce qu’il la prise comme tête de Turc, rien de plus. Le brun finit par la planter après lui avoir dit de chercher dans sa mémoire, mais pas besoin se creuser les méninges. Ouais, elle a eu un traitement différent des autres nanas, cependant, elle ne voit pas ce que ça a de génial, parce que c’est le sentiment qui semblait se dégager de Zander.

Bref, ce mec pour le suivre, parfois faut s’accrocher, ses pensées doivent graviter dans d’autres stratosphères. Pendant deux fabuleuses minutes, ils ont l’air de deux personnes normales, il prépare la bouffe, elle met la table, mais une fois assis ça repart comme en quarante. On dirait un éternel recommencement, un cycle infernal. Heureusement, cette fois, Brown râle, mais le délinquant ne renchérit pas, il hoche même la tête trouvant en effet que l’échange serait stérile. Woh, woh, c’est tellement rare qu’ils soient d’accord, c’est un jour à marquer d’une pierre blanche. Amen.

Puis paf, ils se grognent à nouveau pour l’histoire des vivres, elle veut y aller seule, lui nan, elle insiste, bah, c’est toujours non. En marmonnant, Hannah observe Heath aller chercher la casserole fumante de raviolis qui sent drôlement bon, et pendant qu’il serre, il reprend la parole.

— Ce n’est pas une explication, qu’elle bougonne en se reculant quand il claque l’assiette sur la table. T’ain fais gaffe, tu as failli foutre de la sauce tomate partout. Mais enfin ta peur de quoi ? Que je m’envole ?

L’instant suivant, la rouquine à la confirmation que le brun est juste un foutu gosse. C’est quoi cette façon de se précipiter sur la bouffe ? Puis voilà, forcément, il se brûle la langue, Brown soupir en le regardant d’un air blasé et quand il a fini de boire, il revient à la charge.

— Le problème c’est que ça marche dans un sens, mais pas dans l’autre, répond la miss en levant les yeux au ciel. Non je n’accepterais pas que ça fonctionne comme ça, accepte-le !

Brown papillonne outrageusement des cils avec un sourire idiot, avant de se concentrer sur son assiette, pendant que l’autre souffle sur son ravioli comme un petit garçon. Quand il ouvre à nouveau la bouche, le changement de conversation est tellement surprenant, qu’il faut à Hannah quelques minutes pour comprendre à quoi, il fait référence.

— Bah rien du tout, j’avais dit ça comme ça, tu n’enquiquines pas à aller chercher de l’eau pour ça. C’est du temps perdu, sauf si tu veux aussi prendre un bain.

La miss mange quelques raviolis avant de reprendre la parole et poser un regard un peu perdu sur Heath.

— Un jour faudra que tu m’expliques comment tu fonctionnes. Parce qu’aller chercher nos sacs dans la voiture, c’est niet, mais de l’eau pour un bain, là t’es op.

BY PHANTASMAGORIA

   

Tu râles. Nan mais, elle croit vraiment que tu vas lui céder comme ça, pour… pour ses beaux yeux ?! Bon, ok, tu veux bien reconnaître qu’elle a un joli regard. D’ailleurs, y’a pas que ça qu’elle a de joli, à ton avis. Mais il n’empêche que tu ne lui céderas à moins qu’elle y mette vraiment les efforts. Et bon, Heath, ce qu’il te faudrait pour te convaincre tu es sûr et certain qu’elle ne sera pas du genre à te le donner alors bon.

Du coup, tu claques son assiette sous son nez l’air clairement revêche, et te voilà à râler, à avaler un ravioli brûlant et maintenant, en plus d’être en colère, et bah t’as la langue douloureuse et l’air con. C’est bien, tu fais du tout en un, Heath, à croire qu’avec la fin du monde tu te mets en promo ! Tu es obligé d’avaler un grand verre d’eau pour calmer la brûlure avant de répondre :

« Que tu te fasses tuer ! C’est si difficile à toi de concevoir que je te veux en vie ?! »

Et bon c’est sortit tout seul et peut-être que quand tu te calmeras un peu, tu te rendras compte que la formulation porte clairement à confusion. Tu grognes, et pendant quelques instants, tu ne fais plus rien d’autre que souffler sur ta nourriture avec une expression aussi fermée que mécontente. Il te faut l’entendre te dire que ça ne fonctionne pas comme toi tu le veux pour relever ton regard de sale gosse sur elle.

« Essaie de t’opposer à moi, pour voir. Que tu la provoques, l’air du petit truand que tu as été ces dernières années. Si j’ai dit que tu ne sortiras pas seule, c’est comme ça que ça se passera. Même si tu dois me haïr pour ça, Hannah. Tes lèvres s’étire sur un sourire carnassier, presque violent. J’suis plus à ça près. »

Et franchement, tu sens que tu vas craquer, alors après avoir repris ton souffle et avalé encore un verre d’eau fraiche, tu préfères tout bonnement changer de sujet. Tu parles du bain qu’elle voulait prendre. Elle refuse en partie (à moins que tu ne veuille aussi) et quand elle parle de ne pas comprendre comme tu fonctionnes, tu as une drôle d’expression. C’est de la peine qui teinte ton visage, alors que tu marmonnes :

« Cherche pas à comprendre. »

Nan parce que le cas échéant, il faudrait lui parler des sentiments que tu as pour elle depuis… toujours. Que tu lui parles des problèmes de Ben. De ce qu’il s’est passé et de sa mort. De toute la peine et la colère que tu portes en toi pour avoir provoqué ça. A la place, tu finis ton assiette (ouais tu as aspiré ton repas, on sait) et tu te relèves, pour déposer l’assiette dans l’évier en reprenant.

« Mais puisque tu le proposes si gentiment, je prendrai donc un bain avec toi. Tu te retournes, t’es dans son dos, une main sur son épaule et tu te penches pour rajouter. J’pourrais te frotter le dos ! Un petit rire t’échappe, tes lèvres affleurent sa joue et la seconde d’après t’es déjà en train de quitter la cuisine. J’vais chercher de l’eau, bouge pas de là. »

On the road

Heath & Hannah

Hannah, elle s’attendait à beaucoup de réponses, surtout à une réponse bien con à la Heath, de celle ou tu ne sais pas s’il dit la vérité, ou encore de celle où il se paie royalement ta trombine avec son petit sourire de sale au coin des lèvres. Ouais, il y avait pas mal de possibilités, mais à aucun moment la rouquine ne s’était imaginé qu’il lui sortirait un truc pareil. Surtout pas après l’avoir vu manger ses raviolis, la scène avait un côté un peu ridicule, ce qui tranche maintenant étrangement avec le côté sérieux de ce que le brun vient de dire. Trop sérieux même. Brown, elle n’a jamais su trop comment définir sa relation avec lui, pas amis, pas ennemis non plus, enfin jusqu’au moment ou Ben est mort à cause de ses magouilles. Cependant, si elle devait enlever la mort tragique de son meilleur ami de la donne et si on lui poser la question, là maintenant, bah elle ne saurait pas quoi répondre.

Et elle ne sait pas si ça va changer quelque chose entre eux, ou plutôt, elle ne sait pas si ça peut changer quelque chose en elle. La miss, elle sent bien qu’il y a un truc là-dessous, que ça ne vient pas de pop de nulle part, ça a été dit avec trop d’émotions. Un mélange de colère et d’un autre chose, qu’elle n’a pas envie de chercher à définir. Ça effleure son esprit bien sûr, mais pas avec assez de force pour qu’elle s’y attarde. Alors elle se contente d’observer brièvement Heath sans rien dire, lui qui marmonne l’air contrarié, avant que la rousse ne revienne à son assiette. Mais au fond, elle est toujours un peu troublée.

C’est seulement quand elle lui fait comprendre qu’il peut aller se faire voir chez plumeau, pour qu’elle reste en place et que les choses fonctionnent à sa manière. Qu’il daigne enfin ouvrir à nouveau sa boite à camembert, tout en la regardant avec son air de roi des crétins. Provoque encore, elle grogne encore, violence encore. C’est un peu épuisant à la longue.

— Tu m’emmerdes Heath et t’es sérieusement fatiguant, qu’elle répond dans un soupir lourd et las. Franchement, tu râles quand je te parle mal, mais t’es toujours dans l’affrontement avec moi, à croire que t’es pas foutu d’avoir une autre attitude et franchement, je ne trouve pas que c’est un privilège.

Pour le reste, elle se garde bien de lui dire qu’elle le mettra à l’amende si nécessaire et qu’elle sortira bien seule si ça lui chante. Hannah, elle a plus d’un tour dans son sac. En attendant, elle détourne le regard des yeux bleus du brun et mange tranquillement le contenu de son assiette. Jusqu’au moment ou le dossier bain revient sur la table et ouais clairement, l’enchaînement de la conversation est un peu étrange, elle ne pensait pas qu’il avait entendu sa remarque d’ailleurs. ‘Fin, c’est bien aimable à lui de proposer, mais faire des allers-retours entre ici et le cours d’eau juste pour ça, c’est une sacrée perte de temps. La rouquine lui fait aussi comprendre qu’elle saisie pas bien comment il fonctionne, c’est vraiment, je t’aime moi non plus. Mais elle ne doit pas chercher à savoir…

— Si tu le dis, soupir à nouveau la rousse, sans voir le visage triste de Zander.

Et elle est tellement concentré sur ses raviolis et le fait de remplir son estomac, qu’elle remarque à peine qu’il se lève, en revanche elle entend bien sa remarque. Brown lève les yeux au ciel, c’est beau de rêver.

— Déformes pas mes propos, je n’ai jamais dit texto que je voulais prendre un bain avec toi. T’es sérieusement en manque pour avoir ce genre d’idée.

Mais ! C’est quoi cette main sur son épaule, depuis quand il se permets de la toucher ? Puis vas y qu’il renchérit encore, infatigable ce type.

— Tu frotteras que dalle !

Heath se marre et heureusement qu’elle a la bouche vide, y aurait eu un risque qu’elle s’étrangle, parce que la seconde d’après ses lèvres vienne chatouiller sa joue.

— Connard ! Grogne la jeune femme alors que l’autre est déjà loin.

Puis elle s’essuie la joue, comme si tata Gertrude lui avait fait un de ses bisous bien baveux. Enfin, c’est carrément gênant pour elle de formuler ça dans sa tête, mais ouais, Zander il a les lèvres plutôt douces.

— Erk, ça va plus moi…

Soupirant à nouveau, elle se redresse et débarrasse la table. Oui, oui s’activer au lieu de penser, ça vaut mieux.

BY PHANTASMAGORIA

   

Ce qui devait arriver, arrive toujours. C’est comme ça que toi tu vois la vie, en faite Heath. Parce que tu sais que ce qui vous unis est et sera probablement à jamais de la colère, de la haine. Pourtant, mon vieux, tu serais plus épanoui si tu pouvais être franc avec elle, mais tu ne t’y autorises pas, pas plus que tu ne te dis qu’elle pourrait être plus sereine de savoir ce qu’il se cache sous ton sale caractère. Quand on y pense et prend un peu de recul sur ton attitude, on se rend compte que t’es un peu con et obtus, quand même non ?

« J’suis pas dans l’affrontement… Que tu marmonnes, avec mécontentement. C’est juste que tu veux pas écouter ce que je dis. Depuis qu’on s’connait, t’en fais qu’à ta tête, Hannah. »

Comment toi hein, mais ça tu le reconnaitra jamais. Et puis de toute façon, avant de le faire, tu finis ton repas, tu viens encore lui tourner autour, t’as même la sale idée de poser tes lèvres sur sa joue avant de fuir. Et honnêtement, pendant que tu sors de la maison comme une fusée, et bah tes yeux brillent étrangement. Tu sens encore son odeur dans ton nez, la douceur de sa joue sous tes lèvres. Tu rêves pendant un instant que ça ait été ses lèvres et tu finis par soupirer en secouant la tête.

« Pas d’espoir vain, mon gars. C’est la règle… »

T’es dehors. Si tu penses à aller chercher vos affaires et les déposer à l’entrée de la maison en silence, tu finis par chercher dans la petite cabane accolée au chalet pour trouver deux immenses arrosoirs. C’est armé de ça que tu finis par faire le tour de la maison. T’as même la prévoyance de les rincer longuement avant de les charger au maximum. Le souffle coupé par l’effort tu reviens lentement mais sûrement vers la maison sans croiser de mort-vivant. Ce n’est que dans le salon, que tu finis par t’arrêter, en posant les deux récipients à tes pieds.

« Tu peux chercher genre…. une marmite pour faire chauffer ça ? Tu lances à la rouquine. Comme ça je décharge déjà ça et j’vais en chercher d’autres ensuite. Et t’es étrangement… calme en faite. Nan t’es même de bonne volonté. Nos affaires sont à l’entrée. Que tu rajoutes, sans la regarder, les yeux fixés sur le feu. Encore deux arrosoirs et ça devrait suffire je pense. »

Et la vérité, c’est que t’es mal, Heath, parce que tu ne voulais pas la mettre de travers, comme tu sais que tu n’aurais pas dû la toucher de cette manière. Tes yeux restent obstinément tourné quand tu finis par lâcher, d’une voix… retenue ? Étrange en tout cas.

« Tu ne me croiras pas, mais j’ai promis de veiller sur toi. Que tu souffles. Je veux juste tenir ma parole, pour une fois. J’fais pas ça pour t’emmerder, Hannah. J’aimerais bien… j’sais pas, que pour une fois on puisse s’entendre, même si je sais que ça n’arrivera jamais. »

On the road

Heath & Hannah

C’est l’hôpital qui se fout de la charité à ce niveau-là il n’y en pas un pour rattraper l’autre, ils en ont toujours fait qu’à leur tête et ça n’est pas près de changer. Et bien sûr que si, il est dans l’affrontement constant avec elle, parce qu’elle est têtue Hannah, parce qu’elle ne veut pas l’écouter, Hannah et ça ne lui plaît pas à Heath, ça fait un moment qu’elle a compris. Cependant, elle se demande bien à quoi aurait pu ressembler sa vie si elle avait prêté une oreille attentive à ses bêtises. Peut-être qu’ils auraient réinventé Bonny and Clyde, la miss est à peu près sûre que Ben aurait été partant, tant il les a aimés. Ça n’aurait pas été fameux, surtout quand on sait comment les deux amants, on finit.

T’façon elle ne préfère rien répondre la miss, il sait très bien qu’elle ne dira jamais amen à ce qu’il veut, ni maintenant, ni jamais. La rouquine pensait avoir un peu la paix, après qu’il ait fini son repas, mais il trouve encore le moyen de l’asticoter, par ses mots, puis par ce baiser sur sa joue qui la fait grimacer et râler, beaucoup râler. Qu’on se le dise Heath est beau gosse et il pourrait avoir un charme certain s’il n’était pas aussi con, mais miss Brown ne l’a jamais envisagé de cette manière. Sans doute à cause de leur passif commun, qu’ils sont comme chien et chat et que surtout Ben est mort par sa faute. Ouais, il ne se passera jamais rien, le décès de Ben est comme un gouffre infranchissable qu’elle prend soin de toujours un peu plus élargir. Une histoire avec Zander, ce serait carrément malsain.

Hannah soupire, se lève et débarrasse la table, la vaisselle ce n’est vraiment pas urgent. En revenant dans le salon, elle découvre leurs quelques affaires à l’entrée. Ah ? Est-ce qu’il y mettrait enfin du sien ? Non décidément, elle ne comprend pas comment il fonctionne, ni ce qu’il peut se passer dans sa tête. Enfin, la jeune femme ne va pas commencer à se plaindre, il ramenait les sacs, c’est une bonne chose. S’emparant de tout ça, elle dépose les sacs et autres dans le salon et commence à arranger la pièce pour qu’ils puissent y dormir dans le confort. La rouquine inspecte ensuite les fenêtres, en journée ça va encore, mais la nuit le feu de cheminée risque d’être visible et les zombies semblent avoir gardés une bonne vue. Scotchez le bord des rideaux contre le bois pourrait faire l’affaire.

— Je vais regarder ça, qu’elle répond quand Heath est de retour. Tu n’aurais pas vu un rouleau d’adhésif là ou tu as trouvé les deux arrosoirs ?

Elle s’approche de lui pendant qu’il regarde le feu de cheminée et prend le premier récipient qu’elle dépose sur la table de la cuisine.

— Oui merci pour ça, j’ai tout mis près du matelas et des couvertures, elle reprend en cherchant une grosse marmite. Non, non, pas besoin de remplir la baignoire à rebord, on a de la chance de pouvoir prendre un bain, on ne va pas non plus pousser.

Waouh, c’est qu’ils pourraient presque causer des gens normaux. Comme quoi, quand Heath ne vient pas l’asticoter, elle sait être une jeune femme charmante et tranquille. Et en plus de ça, elle déniche une grosse marmite pour faire chauffer la flotte, un coup de chiffon, on ravive le feu et c’est parti. Que demander de plus. La rouquine revient dans le salon pour le second arrosoir, mais se fige quand le brun reprend la parole. Comment ça, il a promis de veiller sur elle ? Est-ce que… Est-ce que c’est Ben qui lui a demandé ça ? Son cœur et sa gorge se serrent, son estomac se contracte. Ouais, il aurait bien été capable de demander ça à Zander. Cependant, Heath ne leur avait pas dit qu’il était mort sur le coup ?

— C’est Benjamin qui t’a demandé ça ? C’est pour lui que tu veux tenir parole ? qu’elle questionne avec des trémolos dans la voix. Parce que sinon je ne comprends pas pourquoi tu serais fait cette promesse tout seul…

Au fond si, elle le sait, mais elle ne veut pas l’entendre.

BY PHANTASMAGORIA

   

Tu fais ce que tu as à faire. C’est comme ça que tu vois les choses. Tu dois la protéger, c’est la partie orale du deal que tu as fait avec le garçon que tu aimais un peu comme un frère. L’autre partie, celle que ni l’un ni l’autre n’avez formulé, c’est que tu veux prendre soin d’elle et la rendre heureuse, comme Ben le faisait si bien. Et si pour ça, il faut que tu lui remplisse un bain, que tu lui trouves un stupide doudou ou que tu lui masses les pieds… ouais t’y penseras.

Du coup tu reviens avec les deux arrosoirs lourdement chargé et tu te remets à parler d’un air clairement étrange. Elle a déjà trouvé vos affaires et tu sais quoi ? Elle te remercie. Tu devrais en profiter, en crâner et la faire tourner en bourrique, mais tu n’y parviens pas, parce que tes lèvres contre sa joue continuent de te hanter.

« C’est comme tu veux.Que tu réponds comme un automate à propos de la quantité d’eau. POur le scotch, j’irai fouiller dedans si tu veux. De toute façon, si quelque chose nous ennuie, il ne fera pas long feu. »

Promesse d’Heath, vous voyez ? Et du coup, tu la vois prendre le premier arrosoir, tu la laisses faire en te laisser absorber par la sensation qui monte en toi. En faite, ce qui t’échappe ensuite, tu ne le vois pas venir. Et quand elle se plante pas loin de toi, et qu’elle se met à parler de son meilleur ami que tu as vu mourir dans une lente agonie, ton visage se marque d’une douleur que tu ne lui as jamais montré. Ca ne dure pas plus de quelques instants et tu ravales tout sous une couche de colère étrange en te détournant pour aller vers le feu.

« Je peux bien faire ce que je veux non ? Puis-je te l’ai dit non ? Il est mort sur le coup, pourquoi il m’aurait demandé ça hein ? Il a eu le temps de rien dire, de rien voir venir. Boum. T’es horrible, mais en faite c’est toi qui est complètement horrifié dans le fond. Ca s’trouve Hannah, j’veux vraiment prendre soin de toi hein. P’t’être que t’as juste jamais vu ce qu’il y avait à voir. »

Et bon sang, c’est encore pire de dire ça, alors tu te tournes d’un coup, ouais, et te voilà à repartir hors de la maison comme un bœuf qui charge. Tu manque de casser la porte en l’ouvrant avec une brutalité exemplaire. Et c’est dans le petit établi hors du chalet que tu t’arrêtes, en ayant complètement oublié ce que tu voulais trouver.

Tu regardes tes mains et sous tes yeux, tu revois le sang du jeune homme qui perdait la vie en même temps que le liquide rouge. Tu entends son souffle douloureux et tes remarques à la con pour lui dire que ça allait venir. C’est quand tu entends ses dernières paroles que tu éclates d’un coup. Le visage crispé dans une douleur profonde, ton bras se détend et tu viens cogner de toutes tes forces dans le bois du cabanon, t’arrachant presque aussi sec un cri de douleur et te mettant à genoux, le corps tremblant du trop plein d’émotions que tu ne sais pas gérer.

On the road

Heath & Hannah

Le changement d’attitude de Heath est assez étrange, certaines personnes diraient qu’il cherche juste à se faire pardonner. Cependant, pour Hannah, même cette possibilité lui semble étonnante, parce qu’il ne l’a tout simplement pas habitué à ça. Non, quand le brun l’enquiquine, ou qu’ils se prennent la tête pour un ou pour un non, jamais, jusqu’à maintenant, il n’a tenté de calmer le jeu entre eux. Est-ce que la rouquine va s’en plaindre ? Clairement pas, cependant ça n’en reste pas moins complétement déroutant, comme là, alors qu’il lui dit que c’est comme elle veut. La miss, elle serait presque à tenter le diable, parce que si c’est comme elle veut, peut-être qu’elle va pouvoir sortir dehors sans chaperon ? Mais elle ne dit rien, elle sait que ça ne passera pas, un bain oui, qu’elle aille crapahuter seule dans la pampa non.

— Non mais c’est bon, quatre arrosoirs comme ça, ça ira, qu’elle répond d’une drôle de voix, tant la situation n’est pas banale. Ouais et merci pour le scotch et nan, c’est sûr, on n’est pas du genre à se faire marcher dessus de toute façon.

Surement le seul point de leur caractère pour lequel ils se ressemblent… Enfin, dans le fond, il doit y en avoir d’autres, mais la jeune femme n’est pas prête à en concéder des nouveaux. Ne faut pas déconner. Miss Brown finit tout de même par s’emparer d’un des arrosoirs bien remplis, et verse le tout dans une immense marmite qu’elle met à chauffer pour le bain. Cependant, quelque chose dans les propos que tient Heath, pendant qu’elle s’occupe de l’eau lui fait froncer les sourcils et lui fend le cœur à mesure qu’elle y réfléchit. Alors bien sûr, la rouquine ne peut pas s’empêcher d’aller lui poser la question, parce qu’elle trouve ça bizarre cette promesse, encore plus qu’il a toujours dit que Ben est mort sur le coup. Il y a bien une autre possibilité, mais elle est trop étrange, trop effrayante.

Dans cette histoire, Hannah, elle oublie souvent très égoïstement, qu’elle n’est pas la seule à avoir perdu un ami, que Heath aussi, il souffre de son départ, d’autant plus qu’il était avec Ben quand il a rendu son dernier souffle. Et c’est une jalousie glauque quelque part, terrible même, mais c’est elle qui aurait dû être près de lui et pas Zander, c’est elle qui le connaissait depuis qu’ils étaient gosses. Pas lui, mais elle ! La jeune femme voit bien la douleur sur le visage du brun, avant que celle-ci disparaisse sous un masque de douleur, elle entend bien sa tristesse quand il reprend la parole. Tout ça, elle voudrait bien le rejeter, elle ne veut pas de sa douleur, de sa colère et de sa tristesse. Mais elle n’y arrive pas, Hannah, elle absorbe tout et elle est d’ailleurs à deux doigts de pleurer, quand finalement, il se casse de la cabane avec fureur. La laissant en plan avec ses derniers mots, qui lui confirment que Heath, il a un truc pour elle.

La rouquine, elle ne sait pas quoi en faire de ça, elle ne sait pas part qu’elle bout le prendre, elle sait même si elle veut tenter d’en faire quelque chose. La rouquine, elle a l’esprit complétement embrouillé, il se passe bien presque dix minutes avant qu’elle ne daigne bouger, pour sortir à la suite de Heath. Elle entre aperçoit le brun, assis à même le sol dans le petit établi qui jouxte la maison, les épaules affaissées le visage bas. Nan Hannah, tu n’es pas la seule à avoir morflée dans ce tragique événement. Ses pas l’emmènent près de lui et sans réfléchir, elle se retrouve à genoux à son côté et l’enlace sans un mot. Premier geste de soutien qu’elle lui offre après le décès de Ben, mieux vaut tard que jamais comme on dit. Cependant, elle était et elle est même toujours, tellement engluée dans sa colère, sa tristesse et sa haine. Que tendre la main à Heath ne lui est jamais venu à l’esprit.

Ouais, Benjamin, c’était bien plus qu’un ami pour elle, mais elle n’a jamais pu lui dire et elle ne pourra jamais le lui dire. Parce que les magouilles de Zander les lui ont enlevés. Cependant, elle éjecte ça de ses pensées le temps de lui offrir une étreinte de réconfort et de lui dire, « Hey je sais ce que c’est, moi aussi j’en crève de son absence ».

BY PHANTASMAGORIA