Tu pètes littéralement une pile. Et encore Heath, tu parviens à ne pas le faire devant elle, parce que tu ne veux pas qu’elle puisse se rendre compte que tu ne parviens pas à gérer. Si tu es faible devant elle, elle pourrait t’en vouloir moins, et si elle t’en veut moins, elle sera plus sympa, toi aussi et tu auras du mal à continuer à lui cacher la vérité. Donc tout ce que tu fais c’est… pour continuer de mentir ? Et la protéger aussi.

Du coup tu pars, tu fonces jusqu’à la remise et tu exploses là-bas. Le coup que tu envoies dans le bois t’arrache un cri avant que tu ne t’effondres au sol comme un gamin. T’es dévasté, parce que t’es pas aussi fort que tout le monde le crois. Et ça te prend d’un seul coup, mon vieux, alors que ton corps tremble de plus en plus fort et que tu perds pied. Et c’est fort probable qu’à ce rythme, tu finisses pas pleurer, hein, sauf que tu n’en as pas le temps, qu’une odeur te percute les narines, puis des bras t’entourent.

« Tu devrais pas être là. Tu lui souffles, presque dans l’oreille. Tu peux pas m’détester et m’aider en même temps. »

Et tu lui dis ça, tu le penses vraiment, mais ce que ton corps tremblant fait, c’est tout l’inverse. Tu viens refermer tes bras sur elle, et te voilà à genou, à l’attirer contre toi, de gré ou de force. Tu serres fort ton étreinte sur elle, ton visage enfoui dans son épaule, les mains agrippés, crispées sur ses vêtements. Tu ne dis plus rien en faite, tu viens juste chercher un réconfort que personne ne t’a jamais donné, en faite.

Et quand tu cesses de trembler comme si t’étais glacé, tu finis par bouger. Tes doigts la relâchent et finalement, tu la repousse doucement, sans violence ni dureté. C’est juste que tu sais que tu ne dois pas te laisser aller à ce genre de chose, encore plus avec elle. Et tu finis par glisser juste un doigt sous son menton, pour basculer son visage vers toi, alors que tu l’observes quelques instants :

« T’avais pas besoin de faire ça. Tu lui apprends, le visage crispé pour retenir tes émotions à nouveau. Mais… merci. »

Tu te remets sur tes jambes avant de l’aider à en faire de même. Et comme si tu ne voulais plus jamais parler de ça, expliquer ce qu’il s’est passé et pourquoi, tu finis par lui tourner le dos d’un seul coup, pour fouiller dans un établi quelques minutes avant d’attraper un scotch que tu viens lui déposer dans sa main avant de repartir aussi sec vers la maison pour aller chercher les arrosoirs et essayer de fuir encore un peu.

On the road

Heath & Hannah

C’était plus facile de lui en vouloir avant l’apocalypse, parce qu’elle ne l’avait pas constamment sous les yeux, parce qu’elle n’était pas littéralement collée à lui, parce qu’ils ne vivaient pas l’un sur l’autre de jour comme de nuit. C’est même étonnant qu’ils n’aient pas fini par en arriver à ce point-là, de celui où la colère et la tristesse deviennent difficilement supportable et dissimulable. Mais si Hannah, elle est là entre ses bras, ce n’est pas juste en parti à cause de la peine qu’ils partagent pour Ben. Nan, c’est aussi pour ce truc que lui semble avoir pour elle, alors qu’elle, elle ne sait même pas si c’est une bonne chose ou non. Sans le savoir Heath vient de déclencher un beau bordel de pensée sous les mèches orangées de la miss. Tu parles d’une contradiction, Brown le déteste toujours, mais en même temps elle n’arrive pas à être sourde et aveugle à la tristesse de Zander.

— Je fais ce que je veux, qu’elle marmonne, retenant un frisson à cause de son souffle chaud sur son oreille. Faut croire que je suis une nana contradictoire.

Et pendant deux secondes elle pense qu’il va l’envoyer péter, vu qu’elle ne devrait pas être là. Cependant, il semblerait qu’elle ne soit pas la seule personne contradictoire dans cette remise, puisque le brun finit par l’entourer dans ses bras et la serrer avec force contre lui. Miss Brown en fait de même. Ce n’est pas contrôlé, ce n’est pas contrôlable, le cœur de la rouquine qui fait une embardé, alors qu’elle se prend son parfum dans le nez, un mélange entre le Bubble-gum et les boissons énergisantes. Un peu étrange la première fois où elle a senti ça, mais à force de le côtoyer parce qu’elle voulait faire plaisir à son meilleur ami, bah, c’est devenu une fragrance familière. Dans ce monde, ce qui était familier avant a un côté réconfortant, parce que ça vous ramène à des jours meilleurs. Ouais, le parfum de Heath la rassure et Hannah, elle a honte de ça, bafouant le temps de cette étreinte, la promesse qu’elle s’était fait de le haïr jusque-là fin de ses jours.

Mais c’est lui qui met fin à cela, en la relâchant et la repoussant sans méchanceté aucune. La jeune femme le fixe, un peu hébétée, son odeur plein le nez et les souvenirs pleins la tête et le cœur. La nostalgie, c’est aussi beau que cruelle. C’est le contact de son doigt sous son menton qui la ramène à la réalité, saleté de réalité…

— Ce n’était pas que pour toi, révèle-t-elle dans un souffle.

C’était aussi pour elle, clairement. Le type qui se trouve en face d’elle s’est aussi la seule autre personne qui ait bien connu Ben, c’est la seule autre personne qui peut comprendre sa douleur. Mais ni une, ni deux, la rouquine se retrouve debout, puis avec un scotch dans la main et lui qui fuit à nouveau sous le regard pas dupe d’Hannah. Il a laissé trop d’indices, par ses mots et par son attitude, à croire qu’au fond le brun voulait qu’elle comprenne. Miss Brown, refais le chemin inverse et une fois dans la cabane referme la porte, dépose le scotch sur un meuble, puis s’empare du second arrosoir qu’elle vide tranquillement dans l’immense marmite. Avant de se tourner et de le lui tendre, le fixant droit dans les yeux.

— J’ai vu ce qu’il y avait à voir…

BY PHANTASMAGORIA

   

Elle fait ce qu’elle veut… bah tiens hein. Toi aussi alors, et du coup vous êtes pas sortit de la merde. Nan parce que, mine de rien, Heath, vous avez tous les deux un caractère de cochon. C’est peut-être pour ça que t’as jamais essayé de te rapprocher d’elle, de lui faire comprendre que tu voulais t’intéresse à elle. Parce que deux personnes comme vous, ça risque de foutre le feu aux chaumières non ? Ouais probablement.

Du coup, ouais, tu te reprends, tu lui déniches son scotch avant de prendre la fuite comme si t’avais vu un fantôme. T’es moins en train de craquer et mine de rien tu as repris la maîtrise de toi-même, sauf que tu n’as pas envie d’en parler. Du coup, tu fonces vers la maison et tu récupères le premier arrosoir vide. Comme tu peux t’y attendre, elle arrive quelques minutes après, elle vide le deuxième et c’est quand elle te le tend qu’elle répond ce truc, qui vient agiter nerveusement tes lèvres.

« C’est ça. »

Nouvelle fuite, Heath. Tu ressors de la maison pour aller remplir une deuxième fois les arrosoirs et cette fois-ci, t’es sacrément plus rapide à revenir, comme si tout cela t’avais redonné une énergie fabuleuse pour bouger. Du coup, tu reviens rapidement, dans la maison, tu poses les arrosoirs à l’entrée de la cuisine avant de repartir en arrière pour refermer un peu brutalement la porte d’entrée et en faire tourner la clé pour être tranquille.

Au final, c’est quand tu n’as plus rien à faire que tu reviens vers elle, qui s’occupe toujours de faire chauffer l’eau que tu as ramené. Tu te retrouves à t’appuyer dans l’encadrure de la porte de la cuisine, l’épaule contre le cadre en bois, les yeux sur elle. Et ce qui te triture les neurones depuis qu’elle t’a rejoint dans la porte finit par t’échapper.

« T’as vu quoi au juste ? Tu n’es pas agressif, cette fois-ci, t’es juste extrêmement calme, à un point ou c’est bizarre. Que j’étais capable de craquer ? Que j’suis pas aussi fort que tu le crois ? »

Ouais, tu t’imagines un peu le pire, Heath, en te disant que l’image qu’elle a de toi est complètement en train de s’écrouler. Et finalement, tu viens croiser tes bras sur ton torse, en claquant la langue d’une manière un peu irritée, alors que tu recommence à faire entendre ta voix.

« Tu ferais mieux d’oublier ce que tu crois avoir compris, parce que t’es à des kilomètres de la vérité, Hannah. Tu souffles, avant de te décoller de la porte pour faire un pas en avant. Tu veux que je monte l’eau chaude en haut ? »

On the road

Heath & Hannah

Comme on le dit si bien, jamais deux sans trois et c’est ce qui se passe, après qu’Hannah lui a dit qu’elle avait vu ce qu’elle devait voir. Bah Heath, il prend une nouvelle fois la tangente, ça devient une vraie manie à ce point-là. Surtout qu’il n’a jamais fui devant elle avant, même quand ils se prenaient la tête sévère. Ce qui la conforte dans cette idée qu’il sait qu’elle a compris et que maintenant, il n’assume pas, un sacré merdier en perspective. En marmonnant, elle le regarde partir, elle ne va pas non plus le suivre partout, cependant, la rouquine ne va pas le lâcher avec ça, c’est qu’elle est tenace la miss. De fait, comme il va bien revenir un jour avec les arrosoirs, elle se met à la recherche d’une seconde marmite et en dégote une au fin fond d’un placard. Parfait, comme ça, faire chauffer l’eau ne prendra pas quinze berges et chacun aura le temps de profiter de la chaleur d’un bon bain. Ça va être le pied total de mijoter un peu et un luxe dont elle va bien profiter.

Le râleur de force douze de retour, la jeune femme n’a plus qu’à verser le second chargement de flotte dans l’autre marmite et de laissé le tout chauffer tranquillement. Peut-être moins que la première marmite cependant, il ne faudrait pas s’ébouillanter en s’immergeant. Après avoir claqué la porte bien comme il faut, le brun revient à nouveau dans la cuisine et se cale contre l’encadrement en bois de la porte. Hannah se retient de lui demander si, la regarder faire chauffer de l’eau et si intéressant et s’il n’a rien de mieux à faire ? Mais à coup sûr que si elle avait posé la question, ça aurait déclenché la trois millième guerre mondiale entre eux. Ouais la troisième, vue comme ils se chicanent, c’est devenu has-been. Finalement, après un silence de quelques minutes, Heath ouvre à nouveau la bouche et cause d’une façon particulièrement calme, étonnant quand on sait qu’il est plutôt du genre tout feu tout flamme.

— Oui j’ai vu que tu étais capable de craquer, répond-elle après quelques minutes de réflexion. Mais je ne m’appelle pas ça de la faiblesse, au contraire, il faut du courage et de la force pour savoir faire face à ses sentiments. Quand bien même lesdits sentiments peuvent faire pleurer.

Miss Brown relève ses yeux vers Heath, maintenant qu’il a fermé la porte, il ne peut plus s’échapper dehors.

— Voir autre chose que ton côté gros dur te rend plus sympa, qu’elle reprend. Mais ce n’est pas ça que j’ai vu. Tu es comme le sale gosse qui ne peut pas s’empêcher de tirer les tresses de la fille qu’il aime bien. C’est ta façon à toi de me dire que tu me portes de l’intérêt, que je te suis particulière. Pas très efficace comme technique de drague, si tu veux mon avis.

Les yeux verts de la rousse reviennent ensuite sur la première marmite, dont l’eau est à ébullition.

— Alors nan, je n’ai pas envie d’oublier, même si je ne sais pas quoi faire de ça pour le moment.

Elle s’empare après coup de l’immense faitout, jetant un coup d’œil à Heath avant de disparaître dans les escaliers. Ouais, elle l’aura bien mérité son bain, la journée a été riche en surprise et en révélation et il y a certaines qui vont demander une intense réflexion.

BY PHANTASMAGORIA

   

Tu n’as probablement jamais autant fui de toute ta vie, Heath. Normalement, t’es plutôt le genre de type à foncer droit devant et à faire du mal au passage s’il le faut. Sauf que là, tu n’es pas en capacité de foncer et blesser les gens sur ton chemin, parce que celle qui est sur ta route, c’est Hannah. Ce serait contre-productif que celle que tu blesses ce soit la seule que tu veuilles protéger, tu ne crois pas ? Alors ouais, tu vas, tu pars, tu reviens, tu repars, et finalement tu finis appuyé dans l’entrée de la cuisine, à la regarder faire parce que… tu ne peux pas te détourner d’elle trop longtemps, il semblerait.

Et bien entendu, elle vient te répondre, te mettant le nez dans ce que tu pensais. Elle a compris que tu peux craquer… que tu n’es pas surpuissant. Et même si elle semble penser que c’est bien, toi ça te tire un grognement. Tu l’observes se tourner vers toi et si tu t’apprêtes à répondre, à lui rappeler que c’est pas la faiblesse qui t’a tenu en vie tout ce tant, elle continue et cette fois-ci, mon vieux, tu te figes avec surprise. Elle explique trop clairement ce que tu n’as jamais réussi à lui expliquer. En faite, t’as un moment de flottement et quand elle se détourne, tu ouvres enfin la bouche :

« En quoi tu crois que c’est de la drague ? Que tu attaques au départ, d’une drôle de voix. P’t’être juste que je te considère comme une petite soeur à protéger ! »

Le truc, tu vois, c’est qu’elle te dit pile au même moment qu’elle n’a pas envie d’oublier et ça vient littéralement te percuter. Tu quittes la porte pour avancer, pour traverser la cuisine et aller vers elle. Et dans le fond, mon vieux, t’as juste envie de l’approcher, la toucher ou la sentir. Pourtant, tu t’arrêtes à quelques centimètres dans son dos, et tu viens souffler par-dessus son épaule.

« Qu’est-ce que ça peut te faire, ce que tu crois avoir compris hein ? Pourquoi tu ne veux pas oublier ? Ta tête est à côté de la sienne maintenant. Qu’est-ce que ça change pour toi ? »

Et en faite, mon vieux, t’as pas vraiment le temps d’user de cette manière que tu as de t’imposer près des gens en leur faisant tourner la tête, qu’elle attrape la marmite et la voilà qui part avec. Et franchement, Heath, t’es juste incapable de la laisser avancer chargée d’eau chaude alors tu lui files le train, l’air toujours complètement secoué et visiblement pas certain de comment tu veux réagir à propos de ça.

« Pourquoi tu ne m’as pas laissé faire ? Que tu recommences à l’asticoter dans les escaliers. Je t’ai dit que je pouvais le monter. T’as plus confiance en moi ? Comme si elle avait déjà eu hein, en attendant arrivé en haut tu la doubles pour aller ouvrir la salle de bain. De toute façon, on s’en fiche de ce que tu as compris, t’as jamais été interessé par moi, non ? Que tu reviens à la charge. J’ai bien vu comme tu en regardais d’autres… Ben, en l’occurrence. »

On the road

Heath & Hannah

Il grogne alors qu’elle lui explique que montrer ses sentiments, surtout de la tristesse, ne veut pas dire être faible. Forcément que ça ne lui plaît pas, Heath, il a toujours montré une image de lui d’un homme fort, qui va toujours de l’avant sans se retourner, quitte à blesser, de celui qui semble n’être atteint par rien, ni par personne. Puis comme elle bien partie sur sa lancée Hannah, elle lui dit également qu’elle a compris, ce qu’il sous-entendait quand il lui a rétorqué, qu’elle n’avait peut-être pas vu tout ce qu’il y avait à voir. La réaction qui suit ne l’étonne pas trop, il est troublé par ses propos, et tente de l’entourlouper en lui faisant croire qu’elle serait un genre de petite sœur pour lui. La bonne blague, même s’il avait dis ça pour l’enquiquiner, de son avis à elle, on ne propose pas à sa petite sœur de cœur de prendre un bain avec elle et de lui frotter le dos. Même pour rire, c’est carrément ambigu.

— C’est dingue ça, tu as une grande gueule, mais dès qu’on te met devant le fait accomplis, il n’y a plus personne !

La miss se détourne ensuite à nouveau surveillant la flotte, puis ne lui laissant pas le temps de répliquer, la rouquine lui dis qu’elle n’oubliera pas. Ouais, ça peut paraître étrange au vu de leur situation, cependant, elle ne pensait vraiment pas que Zander avait ce genre d’inclination pour elle. Qu’il devait la supporter pour Ben, sans aucun doute, mais qu’il la considère comme une possibilité amoureuse, nan, clairement pas. En revanche et comme elle le lui a si bien fait remarquer, elle ne sait pas quoi en faire, elle ne sait pas si ça lui fait plaisir, ou si au fond ça l’écœure. La seule chose dont elle est sûre, c'est que ça ne la laisse pas indifférente, ça la touche, sans savoir comment. Hannah finit par sentir la présence de Heath dans son dos, son souffle contre son épaule, avant qu’il ne reprenne la parole pour la questionner sur ce qu’elle vient de lui dire.

Sauf qu’elle ne répond pas et s’empare plutôt de la première marmite pour la monter à l’étage. Mais il est tenace le brun, il ne lâche rien le brun et il vient lui coller au train alors qu’elle est dans les escaliers, continuant de la bombarder de question. Pour un gars qui la considère comme sa sœur et qui aimerait qu’elle oublie, il est drôlement insistant et Hannah ça la fais un peu marrer. C’est qui, qui est en position de force maintenant ?

— Parce que je ne suis pas impotente Heath, répond la rouquine à la première question. Et que je sais très bien monter une marmite d’eau chaude, je n’ai pas attendu après toi pour me prendre en main. Au sujet d’avoir confiance en toi, tu tiens sérieusement à ce que je réponde ?

Ouais, elle n’a jamais eu confiance en lui, il sait qu’elle sait, même si aujourd’hui, elle se retrouve un peu forcé de lui faire confiance justement. Arrivée en haut, il passe devant pour lui ouvrir la porte, trop galant. Brown lui jette un regard l’air de dire « tu essayes de te rattraper après m’avoir cassé les pieds pendant onze ans ? ».

— Ah ? Je ne suis peut-être plus ta petite sœur alors ? Faut savoir ce que tu veux mon grand.

Un sourire en fronçant le nez, puis elle passe dans la salle de bain pour préparer la salle de bain. Le jour décline, ce serait peut-être bien qu’ils trouvent des bougies pour éclairer un peu la pièce. En tout cas, ils sont équipés en serviettes et peut-être en d’autres articles, fouiller cet endroit pourrait être une bonne idée.

— Tu vas me faire une crise de jalousie rétro active ?

Hannah dépose la marmite dans un coin, puis se tourne vers Zander.

— Vu que tu as l’air de vouloir être serviable. Tu veux bien monter la seconde marmite ? Je dois encore calfeutrer les fenêtres du bas et trouver des bougies pour ici.

BY PHANTASMAGORIA

   

Tu es vraiment tenace quand on te sort de ta zone de confort. Ou plutôt quand tu ne fuis pas face à ça, t’es tenace. Parce que maintenant qu’elle t’a dit ce qu’elle avait compris, tu es décidé, visiblement, ç ne plus lui laisser un instant de répit. Tu tentes un peu toutes les options que tu as pour la détourner de l’idée qu’elle s’es tmise en tête. Tu ne ressens rien, c’est comme une petite soeur, tu la protèges juste, elle ne t’apprécie pas donc ça ne change rien. Et honnêtement, si tu pouvais te voir de l’extérieur, tu te foutrais une bonne paire de claques, tellement tu t’horripiles toi-même.

Tu finis par t’arrêter dans la salle de bain, alors qu’elle vient te trouver toujours un truc à rétorquer. Et franchement, Heath, tu ne sais plus du tout où tu en es toi, alors tu grognes, tu souffles et tu finis même par te laisser retomber contre la porte, vous bloquant tous les deux dans la pièce. Tes yeux brillent de colère, peut-être aussi de doute, et tu finis par ricaner à sa remarque :

« Ok, t’es pas comme ma petite soeur. Que tu lui claques au nez. Ca, c’est c’que t’étais pour Ben, j’aurais jamais eu le culot de lui prendre cette place. Et quand elle te parle de jalousie, tu souffles par le nez, fort, en secouant la tête. Je m’en fiche, j’te fais juste remarque que t’as pas à te souvenir de ce truc, si tu t’en es toujours fiché de moi ! Tu peux bien aller fricoter avec qui tu veux, j’vais pas te piquer une crise de jalousie. »

Faux et archi faux. Suffit de voir les quelques copains que la rouquine a eus, plus jeune, et la manière dont tu devenais intenable, tant et si bien que Ben se pliait en quatre pour te changer les idées et… garder à l’œil la rousse. Ceci dit, tu as une bien trop grosse fierté mal placée pour le reconnaître. Donc tu ne dis que ça, en te disant qu’en plus avec la fin du monde, elle ne risque pas de faire d’autres rencontres hein, et tu finis par grogner à sa demande.

« J’te la monte, prend ton bain, je me chargerai du reste. »

Et tu t’échappes aussi vite que tu l’as suivi. Il te faut moins de 5 minutes pour remonter avec le deuxième récipient chaud. Tu entre dans la salle de bain sans t’annoncer, presque curieux de voir si elle patauge déjà dans l’eau, et tu viens verser l’eau dans la cuve de la baignoire avant de te détourner. Et tu penses vraiment que tu vas juste ressortir sur ça et ne plus jamais reparler du sujet. Sauf que tu passes tout près d’elle sur ton chemin pour fuir. Et tu vois son regard, tu vois son expression… Ca te rend dingue, parce qu’au final, tu n’as pas eu la réponse que tu aurais voulu. A-t-elle un jour ressenti quelque chose pour toi hein ?

« Ca fait combien de temps qu’on se connait ? Tu lances tout à coup, en t’arrêtant devant elle, en penchant la tête vers elle. Tu t’es jamais demandé ce que ça aurait fait, si c’était toi que j’avais choisi et pas une des nanas que je fréquentais ? »

Tu viens lever la main vers elle, et tu glisses tes doigts dans ses cheveux, pour les repousser en arrière, derrière son oreille et la voit de Ben résonne dans ta tête. Il appelait ça le “levier magique d’Hannah”, t’as juste jamais osé t’y tenté. Et en faite, tu profites de ce geste qui a un effet sur elle pour venir te pencher et… lui voler un baiser.

Ca ne dure pas plus de 5 secondes. Ensuite tu la relâches aussi vite et avant d’avoir eu le temps de dire ouf, tu retournes en bas pour t’occuper de ce qu’il y a à faire là-bas.

On the road

Heath & Hannah

Est-ce que la moutarde serait en train de monter au nez de Heath ? C’est bien possible, mais si c’est le cas, ça veut dire que ce qu’elle le dit, le touche et que surtout elle a mis en pleins dans le mille. Non, il ne fait aucun doute que le brun en pince pour elle et ses excuses bidon de petite sœur, il peut se les mettre là ou elle pense, ok, elle peut être naïve Hannah par moment, mais elle n’est pas non plus complétement conne et l’autre lui a laissé trop d’indice de toute façon. Et la rouquine elle pourrait presque avoir un sourire victorieux, quand il lui lâche qu’elle n’est pas sa petite sœur, cependant il y a le mot presque. Parce que quand il enchaine en lui expliquant, que si ce n’est pas son cas pour lui, ça l’était pour Ben et même si la miss s’en doutait un peu, le savoir ça fait drôlement mal. Encore plus quand ça vient d’une triple andouille. La rouquine baisse même brièvement les yeux pendant que Zander poursuit sur sa lancée, blessé au cœur et à l’âme, elle n’avait strictement aucune chance avec son meilleur ami. C’est moche l’amertume contre un mort.

— Pffff tu veux que j’ailles fricoter avec qui de toute façon ?! Désolé, la nécrophilie ne fait pas partie de mes fantasmes.

Beurk et re beurk, faudrait être complétement taré pour vouloir fricoter avec un mort vivant. Nan mais sans déconner, Heath c’est le seul mec à la ronde de ce qu’elle en sait… Ouais, le seul mec à la ronde. C’est con, mais c’est seulement maintenant qu’elle se fait la réflexion, ils ont pratiquement rencontré personnes depuis leur fuite de Milwaukee. Des gens au loin parfois, mais le brun n’a jamais voulu aller à leur rencontre, trop dangereux qu’il disait et elle était d’accord avec lui. Le monde est devenu complétement barje depuis le virus. En revanche, la miss n’a jamais trop réfléchi sur sa vie au long terme, maintenant qu’ils sont en pleine apocalypse zombie. Est-ce que ça veut dire qu’elle va finir sa vie avec lui ? Question sans réponse pour le moment.

A la place, elle préfère se concentrer sur le présent, plutôt que des possibilités qui lui semble un peu folle. Et l’instant présent c’est de calfeutrer les fenêtres du bas, trouver des bougies et prendre un bain. Donc elle demande à Heath et il accède à sa requête, bon il grogne, mais au moins il y va, c’est déjà une très bonne chose. Donc en attendant qu’il revienne, elle verse la première marmite, puis retire chaussures et chaussettes, son gros pull et stop là sont déshabillage. Hannah elle n’a pas envie que l’autre la reluque en petite tenue, il en serait bien capable. Le brun revient bien vite et verse le contenu de second récipient dans la cuve, parfait, il y a largement assez d’eau pour prendre un bon bain.

— Merci beaucoup.

Ouais il est chiant, mais là quand même, ne faut pas pousser mémé dans les orties, il l’a largement mérité son merci. Ce n’est même pas souvent qu’elle le lui dit en plus, donc la jeune femme espère qu’il en profite bien. Puis alors qu’il semble rejoindre la porte pour sortir, il croise son regard et s’arrête finalement, pour lui poser deux nouvelles questions.

— Ça va bientôt faire douze ans, vu que je vais fêter mes vingt-sept ans en juillet.

Et elle se demande bien pourquoi il lui demande ça, encore plus pour l’interrogation suivante. Nan, elle n’a pas le souvenir de s’être déjà demandé ça. A la limite quand elle était ado, elle avait un p’tit béguin pour lui, toutes les filles du bahut avaient un kiffe avec les bad boys. Cependant, ça s’est vite atténué quand la miss a compris à quel point il était chiant. Mais elle n’a pas le temps de répondre Hannah, elle n’a pas le temps parce que Heath à ce geste de lever sa main vers son visage, et de glisser une mèche de cheveux derrière son oreille. Ça lui colle un sacré frisson bien malgré elle, cet endroit précis c’est la zone qui peut la mettre dans sous états clairement, son cœur et son corps peuvent en témoigner, la voila toute chose.

La rouquine ferme même quelques secondes les yeux, profitant de cette sensation qu’elle n’avait pas ressentit depuis longtemps. Ça dure à peine cinq secondes, mais juste assez pour que le brun lui vole un baiser et dans l’état second ou la rouquine se trouve, ce contact lui vrille l’estomac et fait décoller des papillons dans son ventre. D’ailleurs quand elle ouvre de nouveau les yeux, il a disparu de la salle de bain et ce n’est pas plus mal, elle est rouge comme une pivoine miss Brown.

BY PHANTASMAGORIA

   

Quand tu prends la fuite, après avoir fait ce que tu t’étais toujours juré de ne pas faire, tu ne peux pas t’empêcher de te sentir complètement perdu, Heath. Perdu entre ce que tu veux et ce que tu dois faire ou être. Perdu entre cette parole donnée à Ben, et la volonté que tu as de plaire à la rousse. Et quand tu manques de louper une marche dans l’escalier, que tu te retiens de peu de chuter, tu comprends qu’il faut que tu arrêtes. À ce rythme tu vas te tuer à te perdre comme ça dans tes pensées.

Du coup, Heath, tu préfères ce pourquoi tu es redescendu. Tu récupères le scotch et pendant de très longues minutes, tu ne dis plus rien. Tu viens juste te concentrer sur les fenêtres à calfeutrer. Ensuite, tu mets la met sur plusieurs bougies et tu en allumes une que tu plantes sur un bougeoir avant de le mettre en bas des escaliers pour les éclairer un peu.

C’est quand tu te retrouves seul et sans n’avoir plus rien à faire que tu te refais happer par tes pensées. Au départ, tu viens juste remettre les deux nouveaux arrosoirs à chauffer et quand tu t’assieds sur le matelas, grand assez pour deux, devant le feu, ton visage est gravé d’une expression sacrément bizarre. Il faut dire, mon vieux, que maintenant que tu réalises ce que tu as fait, tu ne peux pas t’empêcher de te dire qu’elle va te faire vivre un enfer… et elle aurait bien raison.

Avec un gémissement douloureux (ca fait mal au fond de toi, pour de vrai) tu te laisses tomber sur le matelas, et te voilà à poser ton bras en travers de ton visage, pour essayer de te tirer hors de tout ce merdier de nœuds qui se forme dans ta tête. Tu restes là bien trop longtemps tant et si bien que, lorsque tu entends la porte de la salle de bain s’ouvrir, un nouveau gémissement t’échappe. Tu te figes, te tends à l’extrême et quand tu entends des pas dans l’escalier, tu n’as plus le choix. Tu vas devoir assumer tes gestes.

« C’est bon, je peux y aller ? Que tu lances précipitamment en te remettant debout d’un bond. Si tu veux dormir maintenant, je ne ferai pas de bruit, promis. »

Ah ouais t’assumes grave là, mon grand...

On the road

Heath & Hannah

Après le départ de Heath de la salle de bain, Hannah elle reste prostrée debout pendant dix bonnes minutes, à fixer bêtement la porte. À demander s’il s’est vraiment passé ce qu’il s’est passé, à se demander s’il a vraiment glissé cette mèche derrière son oreille, à se demander s’il l'a vraiment embrassé. Bien sûr, les réponses sont oui, oui et oui. Et comme pour sa révélation au sujet de son penchant pour elle, la rouquine elle ne sait pas trop quoi faire de ça, elle ne sait pas si elle a le droit de se permettre de… De ressentir un truc ? Finalement, elle sort de sa léthargie en grognant contre lui et contre elle, puis elle termine de se déshabiller, tentant au mieux d’éjecter ce baiser de ses pensées le temps de son bain.

D’ailleurs, ça marche, l’eau brûlante sur sa peau à un effet directement apaisant et elle n’a plus qu’à basculer la tête en arrière, fermer les yeux et à profiter de ce moment de pure détente. La rouquine ne pense plus à grand-chose, le monde, Heath et ses emmerdes s’effacent, il n’y a plus que la chaleur de l’eau et la vapeur qui compte. Ouais, clairement, si elle pouvait rester comme ça toute sa vie, elle le ferait. Mais hélas la fatigue commence à peser contre sa nuque et l’eau refroidir, puis y a l’autre abrutit qui veut aussi se baigner. Se remettre le brun en tête la fait grogner, parce que revient avec lui la sensation de ses doigts derrière son oreille et celles de ses lèvres contre les siennes. Mais y a aussi la honte de s’être laissé faire, la honte d’avoir apprécié ça, ouais autant être honnête avec elle-même. Y a sa tête qui lui rappelle qu’il a tué Ben et qu’elle ne le reverra jamais par sa faute, mais il y aussi son cœur qui lui murmure qu’il aurait peut-être le droit à une seconde chance, qu’il n’est peut-être pas si terrible que ça…

— Fais chier !

C’est encore plus perdue qu’Hannah s’enroule dans une serviette, s’empare de ses vêtements sales et rejoins le brun au rez-de-chaussée. Elle a à peine mis un pied dans le salon qu’il est déjà debout, à lui demander s’il peut y aller, à lui dire qu’elle peut dormir, qu’il ne fera pas de bruit. Ouais, tiens, se réfugier dans le sommeil, ce n’est pas si con. Cependant, elle ne dit rien, l’observe un peu bêtement alors que la scène se déroule à nouveau devant ses yeux.

— O… Ouais fais donc ça, qu’elle finit par répondre d’une drôle de petite voix.

Nouvelle échange de regard, puis Zander file dans les escaliers comme s’il avait l’enfer aux fesses. Miss Brown attend d’entendre la porte de la salle de refermer, pour terminer de s’essuyer rapidement avant d’enfiler un truc plus confortable pour dormir. En tout cas, il a l’air d’avoir bien travaillé entre les fenêtres calfeutrées et les bougies allumées un peu partout. Une moue à nouveau, la tête pleine de questions auxquelles elle n’a pas envie de répondre ce soir, ça aurait été drôlement urbain de sa part qu’il évite de l’embrasser. Merci Heath ! Un câlin à ses chiens qui viennent roupiller autour du matelas et Hannah s’emmitoufle dans la couverture en croisant les doigts pour que Morphée se ramène fissa !

BY PHANTASMAGORIA