Tu es persuadée qu’il va te laisser. Personne de censé n’accepterait d’être face à une fille comme toi. Parce que c’est ça que tu vois, toi, le genre de nana que tu es devenue. En couple sans amour, prête à “tromper” celui qui croit partager ta vie, parce que ton crush d’enfant est revenu devant toi. Tu le trompes, non, en te retrouvant aussi prêt de lui ? En faite, Hyun-ae, tu ne sais pas bien. Tout est flou et troublé pour toi, parce qu’au final tu n’as absolument aucune connaissance, aucune expérience là-dedans. Tout ce que tu penses ou sais, c’est ce que tu as vu à travers les yeux et les ordres de tes parents.

Ne sois pas décevante. Sois dévouée à ton époux. Tu es vieille, trouve quelqu’un ou tu seras malheureuse à jamais. Tu n’as personne, c’est que tu ne plais pas. Si tu ne plais pas, c’est que tu n’es pas assez obéissante, pas assez bien élevée.

C’est terrible quand on y pense, de croire ces choses, mais personne ne t’a jamais rien dit d’autre. Quand tu as voulu dire à Jasper que tu n’étais pas sûr de l’aimer, il t’a dit : “ca va venir” et tu t’es dit que c’était “normal”. Et pourtant, Hyun-ae, quand Elrik vient chercher ton visage et le relève vers lui, que tu vois la puissance dans son regard et que tu entends ses mots, tu crois voir, pendant un instant, le fait que tout ce que tu crois n’est pas normal.

« Je… je ne voulais blesser personne. Des larmes glissent sur ton visage. Je voulais juste faire ce qu’ils voulaient, je croyais que… Mais ça ne marche pas comme ça hein ? »

Comme s’il en savait plus que toi. Elrik a vécu 15 ans derrière les barreaux, et pourtant tu le vois toujours avec tes yeux de gamine. T’es persuadée qu’il pourra te guider et te protéger, comme quand tu le suivais partout comme son ombre. Et tu vois, pourtant, tu viens t’accrocher à lui. Tu te perds dans ses yeux bleus. Tu pourrais pleurer encore plus rien que pour ça. Parce que ses yeux t’ont affreusement manqué.

Et sans bien comprendre, il ne te repousse pas, mais tout de même un peu. Tu retombes sur le dos sur le matelas, et un instant la panique s’installe en toi. Tu tends les mains pour l’agripper, t’es prête à t’excuser, supplier qu’il reste, mais il est déjà là, te surplombant. Et ton souffle se coince dans ta poitrine, tes yeux s’ouvrent plus grand alors qu’une vague de chaleur vient dévorer ton visage, laissant une rougeur certaine sur ta peau pâle.

Tu n’a spas le temps de répondre à sa remarque qu’il est déjà là. Et ses lèvres percutent les tiennes, avec empressement et douceur. Comme dans un rêve. Sauf que dans ton rêve, tu es presque passive, tu te comportes “bien”. Dans la réalité, voilà que tu t’accroches à lui. Tes bras glissent derrière sa nuque et tu l’attires plus clairement vers toi, alors que ton corps se cambre sous le baiser. Il te fait ressentir tout ce que tu pensais ne jamais sentir. C’est toi qui vient lui voler plus de profondeur, de langueur dans le baiser, accrochée à lui comme une desespérée. Et tu ne t’arrêtes uniquement parce qu’en plus du souffle qui te manque, tes yeux débordent à nouveau de larmes. De larmes de bonheur, probablement.

« Je… Tu essaies d’articuler, en ramenant une de tes mains au visage. Je… Non ça ne veut pas venir, alors tu tends tes doigts humides vers lui, jusqu’à poser ta main sur sa joue. Je t’ai attendu pendant 15 ans. Que tu lui offres, en piquant un fard immense, et en tournant les yeux de honte. Je n’ai… jamais pu t’oublier, Elrik. »

Tu viens très probablement de faire tout l’inverse de ce que tu aurais dû faire après ses aveux, mon vieux. Tu viens de balancer l’existence de cet homme, et la place qu’il occupe auprès d’elle aux oubliettes sans même penser au fait que tu pourrais en venir à amèrement regretter ça par la suite. Tu ne sais pas ce qui te prends … tu ne peux pas dire que tu t’es déjà senti attiré par Hyun-ae avant, si ? Non. Tu ne te le serais pas permis a l’époque, tu avais, et tu as encore d’ailleurs, des principes forts concernant la famille de ce fait, tu ne te serais pas permis de telles pensées vis-à-vis de la sœur de l’un de tes potes … Non Elrik, vraiment, tu peux laisser de côté vos années d’enfance et d’adolescence en commun, ça ne vient pas de là, du moins, pas en ce qui te concernes. Ça vient d’elle, c’est tout. Elle est belle, si belle d’ailleurs, bien trop belle, c’est fou. Elle te plaît. Dans sa façon d’être … sa fragilité, sa force, son sourire, même quand elle pleure, tu n’aimes pas ça, mais elle est belle, et elle te plaît, et oh mon dieu, Elrik, est-il possible d’avoir un coup de foudre soudainement, pour quelqu’un qu’on connait depuis des années ? Est-ce que c’est de ça qu’il s’agit ? Non. Tu ne veux même pas y penser, mon vieux, tu préfères … oui, clairement, tu préfères visiblement simplement venir à elle, et l’embrasser. Prendre ses lèvres des tiennes, la goûter, voir ce que ça te fais, peut être tester sa réaction face à ça, venant de toi, aussi. Et bon sang, si tu t’arranges pour ne pas t’écouter, te retenir un minimum et être doux, elle vient faire presque tout l’inverse en s’accrochant a toi de cette manière, en approfondissant ce baiser que tu lui offres, en se cambrant sous toi … c’est horrible, tu n’arrives même pas à t’empêcher de venir à nouveau glisser tes mains contre elle, laisser tes doigts suivre le tracé de ses courbes. Tu vas plus loin que tu ne l’avais imaginer à la base mais, même temps, au final, il te semble ne faire que répondre à son appel silencieux …

Quand tu reculés, complètement à bout de souffle et plus bouillant que jamais, tu ne la relâches pas, tu ne la libères pas. Tu brûles pour elle, en ce moment Elrik, et la voir ainsi, sous toi, l’entendre te dire qu’elle t’as attendu, toi, toi mon vieux, pas un autre, toi, pendant quinze ans, qu’elle ne t’as jamais oublié, ça te rends fou. Ça vient te mettre en tête que tu ne peux plus lâcher cette femme, qu’elle test destiné, que c’est elle, que tu l’avais sous le nez, sans la voir et que maintenant, tant pis pour l’apocalypse, tu as de nouveau le temps et l’opportunité de la découvrir. Ouais, sans réellement t’en rendre compte tu viens de décider que tu la voulais, et que tu l’aurais. « Pourquoi moi … » Bonne question, tiens. Tu n’as jamais estimé être spécial ou particulier, et pourtant, elle s’est accrochée à toi si fort que les quinze ans en prison n’ont même pas réussis à briser ça … c’est a se demander si tu le mérites. « Pardonne moi, je n’ai jamais rien vu de tout ça. » Et en même temps, encore une fois, même si tu t’en étais rendu compte, pas sûr que tu te sois permis de lui accorder quoi que ce soit. Comme quoi. Regarde toi, aujourd’hui, au dessus d’elle, dévorer par l’envie de revenir contre elle. Une envie a laquelle tu ne peux pas céder. Tu as encore des limites, visiblement, même si tu viens tout de même déposer en baiser contre ses lèvres, avant de te laisser retomber a côté d’elle sur le matelas, dans un étrange soupire frustré. « Laisse moi me reprendre un instant … » Et calmer ton corps aussi, qui te fais savoir à quel point il veut celui de cette femme.

Tu es complètement dépassée par la violence de tes émotions, de la réaction de ton corps. Pourtant, Hyun-ae, toi tu sais que tu l’aimes depuis que t’es une gamine. Alors oui, au départ, c’était juste le crush d’une adolescente sur un garçon plus âgé. Mais avec les années à le fréquenter, puis celles à en être séparée, ce coup de cœur d’enfant est devenu quelque chose de bien plus fort, bien plus profond. C’est ridicule, ma fille, mais tu aurais tendance à dire que tu l’as dans la peau. Alors oui, ses lèvres sur les tiennes te font complètement perdre la tête. Tu te cambres, tu t’accroches et même ça ce n’est pas assez. Tout ce que tu veux, toi, c’est sentir sa peau contre toi, sentir son poids, sentir tout lui si proche que tu en oublies les limites de qui tu es et où lui-même commence.

C’est quand tu reprends ton souffle que tu lui offres bien plus que ce que tu pensais oser dire. Tu lui livres la vérité, même si elle est ridicule ou idiote. Même si tu te dis que tu pourrais lui faire peur, parce que ça pourrait ressembler à du stalk. Et sa réponse à ça, te fait secouer la tête, en faisant tomber les larmes autour de toi. Il s’excuse, et toi, tu pourrais juste te rejeter sur lui pour le faire taire, parce que tu ne veux pas d’excuses. Ce n’était pas le temps ni l’âge pour se le dire, il y a 15 ans… voilà ce que tu crois.

« Ca a toujours été toi… Tu murmures finalement. Depuis ce jour où tu es intervenu pour calmer un de vos amis qui se moquait de moi, c’est toi. Au départ c’était… juste que j’étais une enfant, mais avec les années, j’ai sû que ce serait toi, et jamais plus personne d’autre. »

Tu parles si doucement que ta voix est un mince filet dévoré par l’émotion. Et finalement c’est lui qui bouge. Il se laisse retomber sur le matelas, en te demandant le temps de se reprendre. Et au départ, tu sens un élan de peur. Tu crains que ça ne soit trop, qu’il ait finalement décidé qu’il ne voulait pas de ça… pas de toi. Puis tu te bouges, et tu viens juste t’appuyée sur ton coude pour l’observer, alors qu’il semble reprendre son souffle et ses esprits.

« Je suis désolée de ne te l’avoir jamais dit. Je m’étais persuadée de tout enfermer en moi et le laisser comme ça. Donner à ma famille ce qu’ils voulaient de moi, ce genre de chose. Et puis quand tu es apparu hier… Un sourire bouleversé se dessine sur tes joues humides. C’était plus beau qu’un rêve. »

Et tu sais qu’il t’a demandé du temps, tu l’as entendu et dans le fond tu le comprends. Pourtant, ma belle, tu as l’audace de t’approcher à nouveau de lui. Tu te cales au plus près de son torse et doucement, tu viens glisser tes doigts sur son visage. Tu caresses chacun de ses traits, l’air presque en transe en l’observant. Et finalement, tu viens glisser tes lèvres contre les siennes, pour un baiser… si doux et si innocent. Peut-être comme le premier baiser que tu aurais voulu lui donner 15 ans plus tôt.

« Dis, Elrik… Tu crois au Destin ?Tu finis par lui demander en écartant un peu ta tête de la sienne. Parce que moi, je suis persuadée que tu étais celui qu’Il m’a offert. Je crois que tu l’es toujours. »