William parlait de sa femme avec des étoiles dans les yeux. Il l'avait aimé c'était plus que clair et c'était tout à son honneur. J'étais certaine qu'ils avaient eu une vie heureuse ensemble. Il me faisait rire en parlant de sa femme qui lui disait sa liste de défauts. Je le regardais avec un œil moqueur avant de lui répondre avec légèreté.

- Pourquoi c'est important ma liste de défaut ? Je suis peut-être une grande diva accro au shopping très capricieuse et qui a peur de se casser un ongle et qui chiale quand ses cheveux sont mal coiffés.

Je lui faisais un petit clin d'œil en détachant ma longue chevelure que j'avais attaché de travers. Je passais une main dans cette dernière pour retirer quelques nœuds et je la mettais sur le côté. J'avais de plus en plus froid dans mon pull et William semblait le remarquer. Il faut dire qu'il semblait difficilement se détacher de moi autant que j'étais incapable de me détacher de lui. Il mettait sa veste de cuir sur mes épaules et je le remerciais timidement.

- Oui ça me convient comme plan avant de manger ensemble.

«Ensemble» Un mot qui semblait prendre une signification différente désormais. Je n'avais pas mangé avec une personne depuis juillet. C'était donc une grande première en ce moment. Je sentais rapidement son bras autour de mes épaules et je me remettais à rougir. Ah non encore ?! Je marchais en suivant son pas lentement. J'aimais ce moment et il me demandait si j'avais froid. Je me remettais à rire avec légèreté.

- Ce n'est même pas une question. J'ai toujours froid. Je me suis habituée un peu je crois depuis tout ce temps. Ma couverture chauffante dans mon lit me manque.

Oui, je dormais avec une couverture électrique chauffante la nuit. J'étais une femme seule et puis c'était un bon moyen de me réchauffer. Nous arrivions finalement dans ce fameux salon. L'endroit était chaud et confortable. Je retirais le manteau de cuir de William pour lui donner avec douceur avant de m'installer dans l'un des fauteuils. Je regardais autour de moi en mettant mes mains ensemble pour les réchauffer. Il avait même eu la bonté de me faire passer devant lui. Je n'étais pas insensible à sa galanterie c'était sur. Je le regardais fouiller et je me risquais à poser une question.

- Tu es ici depuis longtemps ? Tu viens du coin ?

le rire de William avait quelque chose de très communicatif. J'aimais ce moment que la vie nous affrait. Une espèce de temps suspendu malgré la lourdeur de ce qui se passait dehors. Malgré la douleur et la souffrance que chacun vivait à sa façon. Je me contentais de faire oui de la tête pour lui signifier qu'il avait totalement raison. Je n'étais pas une princesse diva et c'était parfait ainsi.

- Vous avez raison en effet. Je suis bien différente.

À l'intérieur, il refusait que je lui donne son manteau sous prétexte que j'avais froid. Je lui faisais un petit sourire avant de le remettre sur mes épaules. Je prenais mon temps pour me réchauffer. Il est vrai que je n'avais pas souvent eu l'occasion, dans les derniers mois, de me sentir aussi bien. Il voulait m'aider à trouver des vêtements chauds et je n'étais pas contre cette idée. Ce serait une bonne idée même avant que je n'attrape véritablement froid et que je sois malade. Une grippe pouvait vite dégénérée dans des conditions aussi précaires.

- j'avais un duvet mais malheureusement on me l'a volé durant mon voyage. Je me suis accommodée de ce que j'ai trouvé durant mon voyage à pieds. On ne peut pas dire que ça soit tout le monde qui soit sympathique sur la route. J'accepte avec plaisir cette idée de sortie. Je n'ai pas encore été en ville.

En vérité, j'évitais les villes comme la peste. J'étais douée pour me cacher et non pour affronter ses bestioles. J'entendais finalement un bruit alors que William venait de trouver la caverne des mille et une merveilles. Nous allions donc prendre un verre ensemble et cette perspective même me faisait sourire comme jamais. Je me sentais en confiance et bien avec lui.

- La même chose que toi histoire de savoir ce que tu aimes.

Un regard un peu enjoleur que je lui lançais en coin avant de prendre le verre qu'il m'apportait en s'installant près de moi. Je n'avais jamais une grande consommatrice d'alcool en réalité, mais ce soir j'étais heureuse de boire avec un homme qui me plaisait peut-être un peu?... Bon d'accord il était vraiment à mon goût et ce n'était pas sa chevelure et sa barbe poivre et sel qui me rebutait, bien au contraire. Son air un peu négligé me faisait sourire.

- à cette charmante fenêtre.

Je cognais mon verre contre le sien avant de boire une gorgée en le regardant dans les yeux. J'avais évité de lui dire l'endroit d'où je venais et je mettais mon coude contre l'appuie tête du canapé en me tournant vers lui et ma tête vint s'appuyer dans ma main avec douceur.

- pour répondre à ta question plus tôt, je viens de Chicago. J'ai fais tout le voyage à pieds depuis six mois. Ce n'est pas comme si j'avais des projet qui m'attendait chez moi ou de la famille donc... Je suis arrivée ici par hasard. Quand j'ai vu la ferme, quelque chose m'a poussé à y venir. J'ai senti que je serais bien ici et j'ai bien fait.

Je prenais une autre gorgée de whisky en le regardant dans les yeux. Non, en le dévorant du regard. Bordel qu'est-ce qui m'arrivait de lui faire du charme comme ça?

Pourquoi lui et pourquoi maintenant, j'étais incapable de le dire. Il y avait quelque chose qui me poussait à aller vers lui et à le laisser me toucher sans broncher. Je n'étais pas une femme violente ou quelque chose du genre. Je n'étais même pas une bonne tueuse de zombie. J'étais simplement moi, Sarah Anderson, une brunette à la peau trop pâle en manque de vitamine D et aux yeux bleus pétillants. Je ne me souvenais pas avoir passé un moment pareil etce, même dans mes relations passées. J'avais envie de toucher ses mains rugueuses et usées par la travail à nouveau. J'avais envie de le voir sourire car c'était une chose qui me faisait du bien après tous ce temps dans la nature à survivre. Je voulais réapprendre à vivre. Je voulais prendre un nouveau départ qui serait bien différent des coups de poignard ou alors des fusillades du Mercy Hospital of Chicago.

Nos échanges de regard et de sourire auraient de quoi mettre mal à l'aise n'importe quel personne ici présente. J'ignorais alors qu'il s'agissait de sa chambre, de son lieu de vie. Moi, j'avais eu un lit dans la grange au-dessus de Avery. Elle était sympa mais encore assez froide à mon égard. On ne parlera pas de l'absence de douce car je n'avais pas eu de chance. Je me lavais donc à la main soigneusement chaque matin et chaque soir. Je gardais dans le fond de mon sac une bouteille de parfum que j'aimais particulièrement. Je n'en mettais jamais. C'était simplement pour la sentir en me rappelant combien cela me manquait de me préparer pour mettre belle pour quelqu'un ... comme lui en fait.

William lançait alors une phrase qui ne me laissait pas indifférente et qui disait un peu le fond de sa pensée. Il m'appréciait et pas que pour mes points de suture bien alignés. Je jouais avec ma crinière en le regardant toujours avec une pointe de malice dans le regard.

- Ce n'est pas un kidnapping si l'on est consentant Will.

Je venais déjà de lui trouver un surnom juste comme ça. C'était sortie tout seul sans prévenir et il continuait de me faire son large sourire qui faisait fondre l'iceberg que j'étais. L'alcool me donnait chaud mes mains restaient froides comme jamais. Je pouvais sentir son odeur sur son manteau de cuir et j'appréciais étonnamment ça. Nous devions sans aucun doute, dégager des phéromones de manière importante dans cette pièce. Il se léchait les lèvres en me regardant et je souriais en coin. C'était vachement sexy ça. Bordel ... Il ne m'aidait pas sans s'en rendre compte ! Il me disait de cesser de le regarder comme ça et que j'avais des yeux magnifiques. Je prenais une gorgée de whisky qui me brûlait l'intérieur en fondant encore plus mon regard d'acier dans le sien.

- Merci ... Ton regard est magnifique également.

Je posais une main froide sur son poignet à l'air. Il y avait de quoi surprendre généralement. Il ne semblait pas non plus avoir percuté la distance ahurissante que j'avais parcouru seule à pieds durant les six derniers mois. Je caressais un peu sa peau alors que ma tête n'était plus appuyée contre ma main car elle tenait mon verre. Je retirais ma main doucement ne voulant pas non plus qu'il s'imagine que ... Ah merde ... J'avais trop envie de goûter à ses lèvres.

- Désolé ... Ça fait longtemps que je n'ai pas touché quelqu'un.

Deux longues années en fait durant lesquels je me tuais au travail... Et là, je tombais sur lui alors que c'était la fin du monde. Le feu crépitait doucement dans la cheminée et mon teint prenait la couleur orangé de ce dernier à mesure que le soleil allait se coucher à vitesse grand V.  

Comment pouvait-il avoir une lueur d’espoir et de bonheur dans un monde pareil? Pourtant, j’y croyais profondément. Je croyais que l’espoir était ce qui nous maintenait en vie et ce moment était doux. Il en était presque qu’irréel. Il était hors du temps et dans une ambiance qui n’avait rien à voir avec les hurlements, les grognements et la violence qui régnait dehors. Nous étions dans une bulle qui nous était propre. J’étais bien malgré le froid qui me prenait. Je n’avais qu’à sortir dehors pour devenir comme un glaçon ambulant. C’était toujours comme ça. Dès que le froid pointait le bout de son nez. Le pire s’était l’hiver à Chicago. Je ne supportais pas très bien la neige. Il faut croire que j’étais faite pour un pays plus chaud mais je trouvais vraiment l’hiver magnifique. La neige dans les montagnes, le ski et faire du patinage. Toutes ses choses qui ne semblaient plus exister en cet instant.

J’avais toucher Will. Will … Il était plus vieux que moi. Combien d’années? Je l’ignorais et honnêtement cela ne me faisait pas un plis. Je n’avais jamais regardé ce genre de chose mais je me rendais compte que peut-être j’avais choisi le mauvais type d’homme toute ma vie avant. Ce n’était pas important en ce moment. J’étais bien près du feu dans ce salon avec lui. Son sourire alors que je lui avais dit qu’il avait un beau regard lui aussi me faisait presque rire nerveusement. Je me sentais bête de vivre une chose pareille juste comme ça. En même temps, j’en avais tellement envie … Je retirais ma main de son poignet et il revint la chercher aussitôt. Il me disait que si j’avais envie de faire quelque chose de le faire tout simplement. Je riais nerveusement un peu avant qu’il ne se lève en précisant que j’étais gelée. J’avais peut-être plus froid que je ne voulais le croire malgré son manteau de cuir et mon pull peu doublé. Je le regardais aller dans un coin de la pièce et fouiller dans des objets. Je me passais une main dans les cheveux et je regardais dehors en prenant une gorgée d’alcool en attendant.

Il ramenait un duvet qu’il dézippait avant de s’installer sur le canapé au niveau du coin. Il me tendait une main et je posais mon verre sur une petite table avant de retirer le manteau. Je laissais mon verre là pour aller me blottir contre lui avec douceur. Plus deux corps étaient près, plus ils échangeaient une chaleur pour se réguler. C’était l’un des faits les plus couramment dit dans n’importe quel manuel de survie. Le duvet était sur mon corps et je sentais déjà la chaleur de Will faire grimper la température.

- Mon surnom était Snow à cause de ma peau pâle, mes lèvres rouge et mes cheveux noirs … Et ma mystérieuse capacité à être un glaçon ambulant en toute circonstance.

Je levais la tête vers lui en rigolant et je bougeais un peu en posant ma tête sur son torse pratiquement à la jonction de son cou. Je fermais les yeux durant quelques secondes avant de toucher son bras avec douceur. Une caresse plus appuyée qu’auparavant que je lui offrais. Je me sentais étrangement minuscule dans ses bras. Je me sentais en sécurité et la chaleur qui se dégageait me faisait autant du bien mentalement que physiquement. Je pouvais presque sentir son coeur battre dans sa poitrine.

- Le moyen le plus efficace de réchauffer un corps est de le blottir contre un autre. Plus le contact est peau à peau et plus il se réchauffe fortement. Comme un don d’un corps à l’autre sans rien attendre en retour.

Comme je pouvais me sentir bien. C’était irréel de vivre ça dans un monde pareil après tout ce temps.

Will jouait dans mes cheveux avec un calme immense. Je sentais également qu’il était calme et serein en cet instant. Rien de précipité. Rien de mal tourné. Un autre homme m’aurait déjà allongé en mettant son poids et en tentant de satisfaire son besoin de primate imbécile en m’empêchant de crier. Là, c’était autre chose. C’était un moment pour nous et je commençais à me sentir mieux lentement sous ce duvet et dans ses bras. Le froid qui me faisait trembler chaque soir dans la grange diminuait. Je me rendais finalement compte, à ses dires, qu’il était l’habitant du salon. Un véritable luxe en soit désormais. On était loin du confort précaire de la grange où ma seule intimité se limitait à des draps suspendu et la couchette du haut d’un lit suspendu en entendant les gens parler, rire et parfois même, copuler autour en tentant d’être subtil. Il y faisait froid et l’accès aux douches était compliqué. Je me lavais à l’eau froide et glacée comme je le faisais depuis des mois sans broncher et en serrant les dents.

- C’est un beau château que tu as si tu veux mon avis et si j’avais envie de rencontrer un prince charmant sur son cheval blanc avec des cheveux dans le vent, je serais probablement morte à l’heure qu’il est.

Il était évident que la proposition suivante allait me surprendre. Il me proposait de me faire une place près de lui ici et au chaud. Je le laissais jouer dans mes cheveux avec un petit sourire en coin. Qu’en penserait Avery? Elle me dirait sans aucun doute qu’elle n’en avait rien à foutre en fait … J’avais envie d’accepter. Non pas pour mon besoin égoïste de confort (je n’en avais rien à foutre du confort, je dormais sur le sol et la terre depuis six mois) mais pour le plaisir de le voir plus souvent. Nom de Dieu, je ne me reconnaissais plus là.

- C’est vrai que je me sentirais plus en sécurité avec toi ici et au chaud contrairement à la grange. Tu ne veux pas savoir tout ce qui se passe là-dedans.

Je n’y étais que depuis quelques jours et déjà, j’avais compris que l’intimité était plutôt … Inexistante. Moi, qui avait vécue seule durant des mois c’était compliqué de m’habiliter à ce genre de chose. Je venais donc d’accepter subtilement son offre en me disant que je n’avais rien à perdre sinon du confort et la proximité d’un homme plus qu’agréable. Il prenait son verre pour boire en continuant de jouer dans mes cheveux. Je ne prenais pas mon verre car je commençais à me réchauffer. Il pouvait le sentir avec mes mains contre la peau de son bras à le caresser avec une pression plus forte. Will semblait avoir à tête ailleurs alors qu’il me parlait de la chance nous avions. Je levais le regard pour le regarder avec douceur. J’osais même sortir une main de sous le duvet pour la passer dans sa chevelure.

- Regarde moi Will … On va le retrouver, je te le promets.

Je plongeais mon regard bleu dans le sien avant de poser ma main sur sa joue. Sa barbe ne me dérangeait pas et je caressais sa joue avec douceur.